samedi, mai 11, 2002

Écho du sprint, édition 22

Toujours pas de nouveau sur le front des négos, ce soir.
Vers 23h, Ubald Bernard et l'équipe de négociation syndicale étaient toujours au Complexe Guy-Favreau avec leurs vis-à-vis patronaux. Les négos sur la permanentisation des contractuels se poursuivaient: «C'est la suite d'hier, et la suite d'aujourd'hui, a dit Ubald. Ça se prolonge. Il y a des choses qui se passent, mais toujours rien de neuf ou de nouveau à annoncer.»
Y a-t-il des chances qu'une entente soit conclue? «Espérons-le, répond simplement le chef négociateur du SCRC. Je ne peux pas aller plus loin.» Pressé de questions, il dit qu'«on va avoir une idée plus précise d'ici la fin du sept jours [de blitz].»
Ubald a par ailleurs confié que les négociateurs syndicaux ont demandé à leurs homologues patronaux ce qui se passerait à la fin du sprint, si le lockout serait levé ou pas. Leur réponse: «Vous verrez.»

Écho des négos XXI

Selon Ubald Bernard, rejoint en début d'après-midi, samedi, les discussions d'aujourd'hui ont porté sur la proposition patronale faite hier et publiée ci-dessous (122 contractuels plutôt que les 85 proposés pré-conflit). Il est très avare de détails, les discussions semblant aller bon train.
Les équipes sont restées à Guy-Favreau jusqu'à 3h du matin et certains négociateurs étaient déjà de retour dès 9h30 ce matin.
Voilà tout ce qu'il y a à dire pour le moment, les infos ne filtrent qu'au compte-gouttes.

vendredi, mai 10, 2002

20e écho des négos

Ça négocie fort. À 23h30, le chef négociateur syndical, Ubald Bernard, a rappelé pour dire... qu'il ne pouvait rien dire: «C'est un des soirs où je ne peux, mais vraiment rien te dire.»
Les deux équipes de négociation se trouvaient encore au complexe Guy-Favreau. «C'est pas qu'on ne veut pas parler, mais à ce moment-ci, le silence est d'or.»
Il n'a pas voulu donner aucun autre détail, pas même si les négociations se poursuivraient ce weekend. Normalement, le marathon de négos doit durer 7 jours.

Par ailleurs, en soirée, une source nous a transmis un communiqué qui a circulé parmi les cadres de Radio-Canada cet après-midi. Le voici:
    Vers le milieu de l'après-midi du vendredi, 10 mai, Radio-Canada a déposé une offre permettant l'accès à la permanence à 122 contractuels.  
    Cette proposition s'ajoute aux 20 nouveaux postes permanents au Centre de l'information affichés ou en voie de l'être qui ont déjà été annoncés.  Ces postes seront accessibles notamment à des employés temporaires et contractuels. 
    Les négociations se poursuivent.
    [signé] Michel Hamelin
    Directeur, Développement organisationnel des réseaux français et service conseil télévision
    Ressources humaines, (pour) le comité patronal


Bref point d'information, en terminant: les démarches que j'ai entreprises pour inclure sur ce site un point de vue de l'équipe de négociation patronale ont échoué. Jacques Auger, homologue d'Ubald Bernard, a cordialement décliné notre offre de s'entretenir quotidiennement de l'état des négos avec André De Sève, journaliste à la recherche de la salle des nouvelles télé qui s'était porté volontaire pour l'interroger régulièrement. Pour le moment, on a référé André au porte-parole officiel de Radio-Canada, Marc Sévigny. Par souci d'équité, nous estimons important d'avoir un membre de la table patronale, un vrai joueur, et non une tête parlante...
Pour citer la protagoniste du dernier roman d'Alexandre Jardin, Mademoiselle Liberté: «Ce sera parfait, ou ce ne sera rien.»

La faim du conflit

Même si le lockout semble tirer à sa fin (et encore, ce n'est plus certain), et même s'il semble que des muffins nous attendent au retour, il faudra attendre plusieurs jours avant la première paie. Certains d'entre nous sont peut-être mal pris et ont besoin de faire appel momentanément à du dépannage alimentaire (provisions ou repas dans un resto communautaire).
Voici donc la liste des ressources alimentaires de la grande région de Montréal, une liste qui n'existait nulle part et qui a été compilée à partir des données confiées par Moisson Montréal, Moisson Rive-Sud, Moisson Basses-Laurentides, Moisson Lanaudière et Moisson Sud-Ouest.
Trois formats sont disponibles:
.pdf (requiert le logiciel Acrobat d'Adobe)
.doc (pour Microsoft Word)
.txt (texte seulement, avec les données tabulées)

Si des collègues d'autres régions croient qu'il y a des besoins semblables pour les cadenassé-e-s hors-Montréal, recueillez les infos et elles seront publiées sur ce site.

On compte sur nous

Au moment où les négociations semblent à nouveau dans une impasse, il est bon de rappeler que plusieurs personnes, à l'extérieur de Radio-Canada, semblent toujours compter sur nous pour faire reculer la précarité chez eux également. On peut se dire: «Mais je m'en fous, moi, de la précarité des autres, je veux juste retourner travailler!» Ou on peut se dire qu'après avoir bénéficié de la solidarité d'un tas de gens, il ne faudrait pas les oublier...

    Date: Thu, 09 May 2002 19:27:11 -0400
    From: Real Leblanc
    To: hugo@reporters.net
    Subject: [blank]

    Précaire dites-vous?
    Oh que oui! Ça fait 22 années que je suis précaire. Je suis un précaire institutionnel, comme on dit chez nous. Voyez-vous, comme la majorité des enseignants à l'UQÀM, je suis chargé de cours.
    Suis-je sensible à votre situation? ET COMMENT!!! M'entendez-vous assez fort? Ce qui inquiète, c'est l'institutionnalisation des précaires. Ou peut-être que je choisis mal mes mots.
    Devrais-je plutôt dire internationnalisation ou encore mondialisation des précaires? Le «club» s'aggrandit. C'est pour cela que votre conflit est si important, il nous touche tous, c'est viscéral.
    Vous vous en doutez probablement, mais je le dirai quand même. Votre situation a pour nous (précaires) une signification symbolique et une portée bien au-delà d'un simple conflit qui oppose des travailleuses et des travailleurs à des patrons véreux. Ils ont un taux de reproduction effarant ces ?&%¿ß£Æ@&$! là.
    Alors, je vous souhaite une victoire sans compromis et je sais que vous êtes ben plus «tough» que l'«autre». On est avec vous jusqu'au boutte.
    P.S.: Aux gens de la première chaîne : Vous me manquez beaucoup. J'avais oublié la «m» qu'on entend sur les autres stations radiophoniques.

    Réal Leblanc
    Chargé de cours

jeudi, mai 09, 2002

Écho des négos XIX

À 21h50, Ubald Bernard, chef négociateur syndical, a rappelé. Il était encore au complexe Guy-Favreau. Il n'y avait plus de rencontres de prévues avec la partie patronale ce soir, mais les collègues d'Ubald restaient encore dans leur local pour préparer l'information à être distribuée aux assemblées d'information de demain, vendredi...

Contrairement à l'avant-veille, la journée n'a rien donné d'intéressant ou de significatif. «Au contraire», précise Ubald Bernard. «Nous sommes pas mal loin à certains égards.» Rappelons que le thème abordé en négos à partir d'aujourd'hui est celui de la permanentisation des employés contractuels. La partie patronale, avant le conflit, proposait la permenance à 85 employés de plusieurs secteurs (reporters, sténotypistes, etc.). Le SCRC voudrait aller en chercher «plus», sans préciser combien, mais explique qu'il ne faut pas oublier de permanentiser des employés qui travaillent ailleurs qu'aux nouvelles et ailleurs qu'à Montréal.

Est-ce que cela augure bien? «Non. Pour l'instant, je ne peux pas dire que ça augure bien, répond Ubald. Mais il va peut-être y avoir une éclaircie demain midi. On ne sait jamais.» Il précise que la partie patronale n'a pas demandé au syndicat de faire des concessions sur le point abordé aujourd'hui en retour des gains faits par le syndicat lundi sur le thème des listes de rappel pour les temporaires. En d'autres mots, ils n'ont pas demandé de «donnant donnant».

L'équipe de négociation syndicale ne sera pas présente aux assemblées d'information de demain pour lui permettre de poursuivre le «négo-thon».

Lettre à Michèle Fortin

Un ami de Josée Thibeault, journaliste télé à l'Assemblée nationale, a envoyé la lettre ci-dessous dans les quotidiens. Ces derniers, sans doute débordés de missives et courriels d'auditeurs et téléspectateurs frustrés du Radio-Canada habituel, n'ont pas reproduit la lettre. Voici donc cette lettre qui répond point par point à la lettre ouverte des vice-présidents publiée dans les journaux, le 1er mai dernier:

    Mme Michèle Fortin, vice-présidente, télévision, Société Radio-Canada

    J'ai lu votre missive aux journaux parue ce mercredi 1er mai (Fête des travailleurs en passant). Je voudrais y relever quelques paradoxes en même temps que soulever certaines interrogations sur votre perspective.
    D'abord, Radio-Canada ne serait à vos yeux qu'une «entreprise comme les autres». Ah oui? J'ai toujours pensé qu'il s'agit d'un service public, que moi ni personne n'avons la discrétion de ne pas financer de nos taxes et impôts. D'où ses devoirs et obligations à mon endroit comme à l'égard de son public. Parmi ceux-là entre autres, mon droit d'être informé, et mieux que par ses concurrents commerciaux (ce n'est pas difficile) en qualité et en diversité.
    Pour ce qui est de la gestion et de ses nécessités( objectifs, moyens, contraintes), sur lesquels vous épiloguez en début d'argumentation, je n'ai pas de misère à vous suivre. Mais là n'est pas la question. Car il y a gestion et style de gestion, entendons le gestionnaire lui-même dans ses approches, ses appréciations, sa sensibilité, son souci de l'équité pour rendre une entreprise vivante, heureuse et productive. Sans compter le respect de la vérité...
    Vous affirmez que le syndicat «a demandé 25% d'augmentation de salaire». Faux. Dans les documents déposés, le syndicat n'a fait qu'évoquer, après calcul de rattrapage avec le privé et correction des disparités, un écart qui pouvait aller jusqu'à ce pourcentage. En langage de négociation, c'est ce qu'on appelle des informations préliminaires
    pour mettre en contexte une situation. Vous n'avez d'ailleurs pas réfuté ce chiffre. Ce genre de calcul se fait régulièrement, pour fins comparatives, dans les deux fonctions publiques (la fédérale comme la provinciale). Incidemment, pourquoi ne dites-vous pas un mot de l'écart honteux de 11% séparant les rémunérations respectives des employés du réseau anglais et du réseau français pour des postes équivalents. Pas un mot non plus de la sous-rémunération des employés de Moncton. Oubli volontaire ou involontaire?...
    Au chapitre des autres points litigieux, notamment la permanence, vous invoquez la nécessaire souplesse de gestion(encore la gestion) comme pour refuser d'aller dans cette voie et l'accorder à un bloc important de vos employés contractuels en droit de la réclamer après 5, 10 voire 15 ans à votre service. Et ce au nom prétendûment des budgets limités et du caractère passager de certains projets. Dans la fonction publique québécoise comme dans les autres ailleurs (vous avez bien connu la québécoise comme sous-ministre(adjointe)), vous savez très bien qu'à même un bassin d'effectifs donné, et après priorisation des dossiers et des projets, la direction initie des études et des projets qui finissent par finir et qu'on réaffecte successivement les employés sur les autres à entreprendre. C'est la même chose dans l'entreprise privée (j'en ai eu
    une pendant 10 ans, je sais ce dont je parle).
    Vous accusez le syndicat d'avoir recouru au moyen «le plus extrême» au départ pour initier sa démarche. Extrême, sérieusement, un débrayage de 24 heures doublé d'un engagement à revenir au travail le lendemain? Vous avez l'extrémisme facile, accusateur et, serais-je tenté d'ajouter, un tantinet hypocrite et déformateur. D'autant plus que, vous le dites vous-même, ceux-ci réclamaient la conciliation aussitôt le court débrayage terminé... Mais qu'avez-vous donc contre la conciliation? N'était-ce pas plutôt un signal de leur part et un signe indubitable qu'ils étaient animés par tout autre chose (l'amour de leur travail peut-être) que la mauvaise volonté ou l'affrontement?
    Vous relevez également que le syndicat se traînerait les pieds à la table sans réel désir de négocier. Des multiples échos que j'ai eu à ce sujet, c'est plutôt le contraire qui est ressenti --et déploré-- de leur côté à votre endroit..
    J'ai pris ma plume parce que je suis ce conflit d'assez près, privé que je suis comme fidèle auditeur et téléspectateur (d'affaires publiques en particulier) d'informations stimulantes et diversifiées transmises par une formidable équipe d'animateurs et de journalistes et leurs assistants. Une équipe qui fait l'honneur de votre réseau mais qui est aussi le mien. Je ne veux pas les nommer mais on les reconnaîtra facilement. Le plus triste de l'affaire, c'est de voir ce conflit perdurer au moment où jamais nous n'avons autant ressenti le besoin d'informations, internationales en particulier, à l'heure où conflits et crises se multiplient et qu'on nous concocte peut-être un assaut massif sur l'Iraq pour l'automne (New York Times de la semaine dernière).
    En terminant, avec les quelque 14 milliards de surplus que s'apprête à encaisser cette année le fédéral avec mes impôts et les vôtres,,tellement qu'on y multiplie les occasions de dépenser sans vraiment justifier les besoins (Michel Vastel, Le Soleil 2 mai), le bon sens et l'équité ne pourraient-ils pas se transporter sur le Boulevard René Lévesque?... Ce bon vieux René en aurait long à dire, lui, s'il était encore là, vu le mur de béton radio-canadien auquel lui et son groupe s'étaient heurtés il y a quarante ans.
    Allez, «GESTIONNAIRES», au travail!!!
    P .S : Une Michèle pourrait peut-être avoir aussi un sain réflexe de gestion pour l'équité salariale des femmes.
    Jean Mercier, Québec


L'appel de M. Mercier, comme des près de 25 000 signataires de la pétition remise au pdg cette semaine, semble avoir été entendu.

Géo des négos

Le médiateur fédéral Jacques Lessard

Si vous étiez curieux de voir à quoi ressemble le médiateur fédéral Jacques Lessard, eh bien le voici. En se basant sur une rencontre de quelques minutes, on peut dire qu'il semble un homme affable, à l'écoute et d'une patience infinie. Ça en prend sans doute une bonne dose pour faire ce métier.
Cette photo a été croquée dans l'entrée du Centre fédéral de conciliation et de médiation, au moment où les parties patronales et syndicales négociaient, aujourd'hui. Il était midi et personne n'avait l'air de se préparer pour aller luncher.
Voici, ci-dessous, un plan des locaux où se déroulent les négos. C'est au rez-de-chaussée du complexe Guy-Favreau. Le plan détaille la moitié ouest de l'immeuble. Ceux qui sont déjà allés chercher un passeport à Montréal reconnaîtront l'arc d'ascenseurs qu'il faut emprunter pour se rendre à l'étage des Affaires extérieures.

Vous êtes ici

Au moment de ma visite, les deux équipes de négos étaient chacune dans leur local, ne s'étant pas encore rencontrées de la matinée.
Le local de la partie patronale était fermé, marqué «occupé» et on m'a déconseillé de cogner à la porte.

Le local 103.1 où crèchent les négociateurs patronaux

L'équipe syndicale était à donner la dernière main à une proposition de texte à présenter aux négociateurs de Radio-Canada, un texte à propos de la permanentisation des contractuels.
Leur local était ouvert. Jean Grenier, conseiller de la CSN, venait d'imprimer le texte en question à l'aide de ce sympathique ordinateur portable. Hmmm!

Qui a dit que la CSN était vieux jeu


Et l'équipe syndicale s'affairait à le réviser avant de rencontrer leurs vis-à-vis. L'ambiance était upbeat, sans fatigue apparente.
Voici leur espace de travail, rempli de paperasse, avec quelques victuailles à une extrémité pour soutenir l'effort durant l'actuel sprint de négos.

Carburant à négos


En fait, lorsque les deux parties se rencontrent en «face à face», c'est au local syndical que ça se passe. La table de négociation, c'est celle-ci, et elle a la forme d'une patinoire.

Le forum


À 21h00, Ubald Bernard n'était pas rentré chez lui et son cellulaire ne répondait pas. «Je l'attend pas de bonne heure», a dit sa conjointe en prenant mon enième appel. Pas de nouvelles, bonnes nouvelles?

Nous sommes des milliers à VOIR si vous ÉCOUTEZ

Attention: cette lettre date du 30 avril dernier, avant l'apparente ouverture de la partie patronale.
Je le reproduis quand même, dix jours plus tard, d'abord parce qu'elle a été écrite par les gens qui avaient accueilli les artisans de la radio au lancement de leur programmation à la fin du dernier été; ensuite parce qu'elle est un exemple des nombreuses lettres intelligentes et pondérées que les auditeurs et téléspectateurs se sont donnés la peine de rédiger et qui, j'en suis persuadé, ont pesé lourd dans la balance de la sensibilité de la direction.
En lisant cette lettre, vous ne pourrez faire autrement que de dire: «Wow!»

    30 avril 2002.
    Monsieur Sylvain Lafrance, vice-président, radio française et nouveaux médias, Radio-Canada

    «ÉCOUTEZ pour VOIR»... En août dernier, dans notre cour, était lancée la programmation radio 2001-2002 de la Société Radio-Canada. Vous étiez présent. Un moment magique où artistes, animateurs, patron et auditeurs se sont partagé les derniers moments de l'été en se promettant une riche et intéressante saison culturelle et d'information. Hélas, à mi-chemin, on recouvre les meubles, on ferme les volets, on cadenasse la maison Terminée la prometteuse saison si bellement commencée! Un geste aussi inexplicable qu'inacceptable laisse pantois les fidèles auditeurs que nous sommes. Notre Société publique manquerait-elle de civisme? Dans ce conflit qui perdure, elle ne semble manifester aucune volonté d'en arriver à un règlement, fait preuve d'ambigüité et manque de transparence.
    Transformer en affrontement sans issue un combat légitime et civilisé, c'est un manque de démocratie.
    Priver un peuple de son réseau national d'informations, c'est faire preuve de mépris.
    Viser 1400 artisans de l'information pour toucher des millions d'auditeurs, c'est les prendre en otage.
    Faire du silence une condition de négociation, c'est de l'abus de pouvoir.

    Monsieur le vice-président, l'été dernier, à s'adressant à son coeur, nous avons «fait la cour» à la radio, notre radio. Avec chaleur, nous avons ouvert notre cour à la grande famille radio-canadienne. Nous étions fiers de recevoir les meilleures équipes d'information et d'animation de toutes les stations de radio confondues. Après un carême trop long, nous nous adressons à sa tête, son vice-président et autres administrateurs, à ses négociateurs. Notre requête rejoint celles qui se sont exprimées pour vous prier de renoncer à cette attitude revancharde et stérile pour redonner vie et voix à la Société Radio-Canada.
    D'un océan à l'autre, elle est un service essentiel.
    Puisse ce concert de contestations vous atteindre et vous infléchir pour que reprenne sans plus tarder la programmation quotidienne tant à la radio qu'à la télévision.
    Nous sommes des millers à VOIR si vous ÉCOUTEZ.

    Madeleine et Yvon Parenteau
    Boucherville

Les choix de la précarité... ou la précarité des choix

Claude-Sophie Hennekens et le plus célèbre chien du lockout, Micro


    Ouais. Moi aussi je suis précaire. Mais pas depuis dix ou vingt ans. Seulement depuis juin 2000. De quoi je me plains ?.. Si vous voulez vous donner la peine de lire ces quelques lignes...

    Depuis 1991, j'ai travaillé pour la SRC à Régina, Sept-Îles, Sudbury, Ottawa, et Québec comme journaliste radio et télé, animatrice et réalisatrice. Oui, la plupart du temps, j'étais permanente. Mais j'étais aussi un peu en exil. J'ai été assez crédule à vingt-quatre ans pour croire Radio-Canada qui m'assurait qu'il fallait d'abord faire ses preuves en région pour espérer des jours meilleurs près de chez soi, de ses amis et de sa famille. J'ai mis toute la gomme. Demandez à mes anciens patrons. Mais voilà, les règles du jeu ont changé en cours de route.
    Après dix ans en région(s), je suis revenue à Montréal et j'ai abandonné ma permanence en Ontario pour des raisons familiales. J'arrive à la salle des nouvelles de Montréal comme si je n'avais jamais travaillé pour Radio-Canada. Pas dix jours en cadeau sur la liste d'ancienneté. Sur LES listes d'ancienneté, devrais-je écrire. Parce que voyez-vous, je suis journaliste radio, journaliste télé (à Québec), journaliste-présentatrice, journaliste-infoculture et journaliste affaires publiques. Je suis tellement polyvalente qu'au rythme où vont les choses, je vais atteindre mes trois cents jours à quarante ans !
    Évidemment, de grands stratèges du syndicat m'ont dit de refuser, de ne pas m'éparpiller. J'y avais déjà songé figurez-vous ... Mais je viens de m'acheter une propriété (ma première à 35 ans), j'ai une hypothèque à payer et je crains que l'employeur ne me boude si je fais trop la fine bouche.
    Alors, non, je ne suis pas précaire depuis dix ans... seulement depuis deux ans. Mais parce que j'ai quitté Montréal et même le Québec pendant plusieurs années. (Et en passant, j'ai assumé presque tous mes frais de déménagements(s)). Et je ne vois pas la lumière au bout du tunnel dans le système mis en place par R.-C.
    Merci de m'avoir lue. En espérant que ma petite histoire apportera un peu de nouveau à toutes nos histoires d'horreur...

    Claude-Sophie Hennekens

mercredi, mai 08, 2002

Piquets en peinture

Toile de Bruce Roberts

Cette toile de Bruce Roberts est un autre bel exemple du bouillon créatif engendré par le lockout.
Elle est en toile de fond de toutes nos réunions d'information. Et vous pouvez maintenant la télécharger sur votre ordi pour en avoir un souvenir (ou encore pour vous faire un fond d'écran funky à souhait, surtout sur les moniteurs plats racés du CDI).

Écho des négos XVIII

Dancing Wojtek

Non, Wojtek Gwiazda ne saute pas de joie à la nouvelle d'une entente sur la liste de rappel des temporaires (il danse, comme à tous les midis, au camion libre).
Reste que l'entente de la nuit dernière survenue entre le syndicat des communications de Radio-Canada et la Société a réjoui plusieurs cadenassés.

Chantal Francoeur
Éric Barbeau

Chantal Francoeur n'en revenait tout simplement pas qu'une telle entente ait été conclue, surtout après que de nombreux cadres soient venus sur les piquets dire aux employés à la rue que «JAMAIS» la Société ne cèderait sur ce point. Mais en bonne journaliste, elle reste sceptique et son optimisme demeure prudent: «Faudra voir, maintenant, ce que le syndicat va laisser aller en échange.» De toutes façons, ajoute-t-elle, «c'est comme les finales de hockey, It's not over 'til it's over».
Même mélange d'euphorie et de doute chez Éric Barbeau, collègue de Chantal à la radio: «Je n'arrive pas à y croire», dit-il en portant sa main gauche à son front. «Peut-être que c'est une déformation professionnelle, mais je vais avoir de la difficulté à y croire tant que j'ai pas vu un texte.»

Pourtant, pour la première fois depuis le début du conflit, les communiqués syndicaux et patronaux concordent.
Et Ubald Bernard, chef négociateur du SCRC, confirme que l'entente a été «boulonnée», «ficelée» au cours de la journée de négociations d'aujourd'hui. Rejoint à la maison vers 23h, Ubald a expliqué qu'après une courte nuit, les équipes de négos n'ont redémarré le travail qu'après 11h ce matin. Les négos se sont quand même poursuivies jusqu'à quelque temps avant 21h ce soir.
Deux sujets ont été abordés. Le premier concerne les protections à accorder aux employés de deux services «fragiles»: Radio Canada International et le service Québec nordique. Le syndicat voudrait aménager une «passerelle» entre ces services et le reste de Radio-Canada advenant leur disparition. L'autre sujet est la question du 40% de production à l'interne.
Contrairement à la nuit dernière, il n'y a eu aucune entente aujourd'hui sur ces sujets, rapporte Ubald Bernard: «Là-dessus, ils nous l'ont carrément dit: "On peut toujours en parler, mais ont n'est pas ouverts." Ça ne fait pas partie des sujets sur lesquels ils ont une marge de manoeuvre.» Le syndicat a mis ces demandes sur le «rond arrière», donc, pour le moment.
Demain, dès 9h30, les parties passeront à un autre thème, le «ventricule gauche» du coeur des négos: la permanentisation accrue chez les contractuels (le «ventricule droit» étant la liste de rappel des temporaires). Le syndicat veut plus que les 85 permanents qui étaient proposés dans la dernière série d'offres «finales, globales et ultimes» de Radio-Canada, avant le conflit: «On ne veut pas permanentiser tous les contractuels, rappelle Ubald Bernard. Mais on veut en permanentiser ailleurs qu'en information et pas juste à Montréal.»
Sent-il une ouverture de la partie patronale sur ce point? «Je ne sais pas s'il y en a, mais faut qu'il y en aie! Je serais très étonné qu'ils ne bougent pas là-dessus. Je ne sais pas si on s'entendra, mais il nous faut ça! C'est pas un caprice, c'est l'autre volet de ce qui a été gagné hier.»
Suspense!
Le syndicat réussira-t-il à faire un gain sur ce volet également?
La partie patronale continuera-t-elle à manifester le même esprit d'ouverture?
Stay tuned...

Corriger le cap

L'espoir d'un retour au travail ne fait pas décélérer l'ardeur des cadenassés. Plusieurs personnes, aujourd'hui, sur les piquets, ont manifesté leur intention de «corriger le cap» de Radio-Canada, de cesser de naviguer dans les eaux troubles de la cote d'écoute à tout crin, et de revenir dans les courants d'une authentique radio et télé publiques.
Ils ne veulent pas se mutiner (ou presque), mais veulent poursuivre la réflexion sur l'avenir de Radio-Canada une fois le lockout terminé et ils ont surtout envie que la réflexion devienne action.
Voici un texte de l'animateur de Sans frontières, Michel Désautels, qui cristallise le sentiment de nombreux radio-canadiens sur le macadam:

Le temps passe, mais... ¡No pasaran!


Michel Désautels
    Il est 23 heures 30, ce mardi 7 mai, jour de mon cinquante et unième anniversaire de naissance. J'en ai connu de plus glorieux, mais là n'est pas mon propos.

    La télévision est née, je n'avais qu'un an....
    Elle allait grandir en même temps que moi, plus vite même, jusqu'à devenir l'instrument de définition de la société canadienne française, comme on disait dans le temps. Une tribune, une école, un studio, une scène, un lieu de rencontres et de débats. On y apprenait et on s'y amusait aussi. Chez moi, on ne faisait pas de différence entre la
    Poule aux œufs d'or et le Sel de la semaine, entre Music-Hall et la Soirée du hockey.
    Ma mère, qui dit avoir fait ses classes en écoutant la radio et en regardant la télévision de Radio-Canada, est furieuse aujourd'hui. Pas uniquement de voir son fils et sa belle-fille à la rue depuis bientôt deux mois, mais aussi et surtout de constater ce que les gestionnaires de Radio-Canada ont fait de «sa» radio et de «sa» télévision. Disparues, les
    Soirées du Concert, disparus, les Télé-théatres, disparues les émissions à contenu social, littéraire. La direction de Radio-Canada a fermé ses services de musique et des dramatiques en se moquant de ses obligations et des mandats qui la définissent. Et toutes ces décisions sont passées inaperçues, y compris devant le CRTC, qui à chaque audience tance un peu les patrons de Radio-Canada à causes des plaintes des téléspectateurs, mais finit par leur donner l'absolution à cause de la performance de la radio.
    Michelle Fortin, la vice-présidente de la télévision de Radio-Canada depuis déjà trop longtemps, avait promis le jour où elle annonçait la disparition de la
    Course autour du monde la création d'une autre émission visant les mêmes objectifs, mais plus jeune, plus populaire, plus écoutée... Nous attendons toujours. Je dis nous, mais je devrais dire les jeunes attendent toujours. Denis Gatelier, le monteur extraordinaire de toutes les saisons de «La Course» avait fait le recensement du parcours des anciens: plus de 70% d'entre eux étaient toujours dans le métier; réalisateurs, monteurs, scripteurs, animateurs, journalistes, producteurs, chroniqueurs, cadreurs... j'en oublie! Pour un bon nombre d'entre eux à Radio-Canada... et la plupart du temps dans des postes précaires. Nommez-moi une école dans le monde qui ait un taux de réussite aussi élevé!
    Je fais ce long détour à titre d'exemple pour démontrer à quel point la radio et la télévision de Radio-Canada ont des obligations devant nos patrons, le public contribuable. Ma mère, qui a fait ses classes en écoutant Radio-Canada a droit au service pour lequel elle paie. Avec les années, sa vision s'est ouverte sur le monde, et elle n'accepte pas qu'on l'inonde tout à coup d'information internationale «piratée» à l'étranger, alors qu'en temps normal, on pinaille sur les moyens consacrés à cette couverture. Elle en a contre la culture des chiens écrasés et autres Mom Boucher qui semble hanter les patrons de «sa» télé. Elle peut sourire devant le cirque de Véronique Cloutier, mais lorsque Radio-Canada délègue la même animatrice comme notre représentante pour la grande rentrée «culturelle» de toutes les chaînes de télé, elle dit NON!
    Comme bon nombre d'entre vous, j'étais au spectacle de solidarité d'hier au Spectrum de Montréal. J'y ai pris beaucoup de plaisir. L'événement était nécessaire, relevé, de bon goût. Une magnifique occasion de sentir à quel point les milieux de la création et notre Maison sont indissociables. Dans la salle se trouvait Pierre Gauvreau, le peintre merveilleux qui nous a fait
    don de l'utilisation de la toile qu'il a réalisée avec Janine Carreau. Vous l'avez vue en fond de scène et sur les affiches que l'on vendait à l'entrée. Gauvreau a été associé à Radio-Canada depuis 50 ans. C'est lui qui réalisait
    Pépinot et Capucine, Radisson, CFRCK, Rue de l'Anse, D'Iberville, avant d'écrire Le temps d'une paix, Cormoran et Le volcan tranquille, que Radio-Canada a retiré de l'antenne avant la fin.
    À la fin du spectacle de 5 heures au Spectrum, Pierre Gauvreau signait des exemplaires de son tableau. La salle était vide, les lumières allumées, le bar fermé, nous étions une dizaine à nous presser autour de lui, notre affiche à la main, attendant une dédicace. Je l'ai embrassé lorsqu'est arrivé mon tour.
    Il m'a dit: «Je pensais partir le premier... voilà que je suis le dernier!»
    Sera-t-il le dernier à réclamer que Radio-Canada respecte son mandat en nous gardant à l'antenne d'une part, et d'autre part en continuant de servir une population qui s'est définie et qui a grandi avec elle?
    Ces trop longs mots pour dire que je compte bien dès notre rentrée dans «notre» Maison mettre tous mes efforts à réunir celles et ceux qui veulent entreprendre une lutte autrement plus importante... celle de la survie de notre service de radio-télédiffusion public.
    Michel Désautels

Régent Millette nous appuie

Régent Millette sur les piquets lundi avec une affichette disant que, comme Normand Lester, il ne craint pas la vérité

Régent qui?
Plusieurs piqueteurs ont remarqué la présence d'un petit homme vêtu d'un complet pâle, d'une cravate étrange et d'affichettes au cou, depuis lundi. «J'étais venu dimanche, raconte-t-il, mais il n'y avait personne.» En effet, les piqueteurs avaient déménagé leur piquet au Palais de justice pour le verdict du procès de Maurice Boucher. Coïncidence: c'est au Palais de justice qu'on a plutôt l'habitude de retrouver M. Millette.
Régent Millette est homme qui a eu divers problèmes avec l'impôt à cause, dit-il, d'un avocat qui l'a escroqué. Il dit avoir perdu 1,5 million de dollars depuis une douzaine d'années et poussé à la pauvreté à cause de l'avocat en question. En plus du Palais, on peut l'apercevoir devant le Parlement d'Ottawa et l'Assemblée nationale de Québec. M. Millette s'est présenté à de nombreuses élections complémentaires comme candidat indépendant (notamment dans la circonsription d'Anjou le 15 avril dernier où il a recueilli 0,44% des suffrages; mais dans Blainville, le 24 septembre 2001, il avait eu la confiance de 2,3% des électeurs, quand même), ainsi qu'à la mairie de Laval, où il n'a pu résister au rouleau compresseur de Gilles Vaillancourt.
Depuis cette semaine, il appuie les cadenassés de Radio-Canada.

Radio Bordeaux, Radio Cadenas

Mohamed Lotfi a dédiée à Sylvain Lelièvre l'émission de 90 minutes des Souverains anonymes qu'il a réalisée à partir de la rencontre de 10 cadenassés radio-canadiens avec 15 détenus du centre de détention de Montréal, la prison de Bordeaux.
Sur le site des Souverains, vous pouvez déjà entendre l'ouverture de l'émission, avec des extraits sans censure: «Moi j'écoute pas Radio-Canada, je le regarde pas non plus.»
Justement, écoutez plutôt CIBL 101,5 FM ce vendredi, 10 mai, à 18h.
En dehors de la région de Montréal, l'émission sera diffusée sur Internet à partir du site de CIBL.

Le bébé de l'espoir

Elouan Guyon-Lyons... ou Lyons-Guyon

Cadenas ou pas, la vie n'attend pas

Voici Elouan.
Il a quitté le ventre de sa maman cadenassée (Kathleen Lyons) samedi dernier, 4 mai, à 18h10.
Son papa (Christophe Guyon, cadenassé lui aussi) l'a pesé à 8 livres et mesuré à 21 pouces.
«Premier bébé du lock-out ou pas, écrivent ses parents, premier bébé d'un espoir de retour au travail ou pas, peu importe: il est le premier bébé dans notre coeur à nous...»

Photos: ©2002 Les parents d'Elouan

Les petits coeurs font des petits en région

Vue de l'extérieur
Vue de l'intérieur


    Emportés par le vent de la solidarité, quelques petits cœurs de la grande tour se sont détachés et sont allés atterrir dans les vitrines du bureau estrien de Radio-Canada.
    À l’instar de madame Fortin qui « ... nous aime » (mais qui n’a pas encore apposé ses petits coeurs dans les vitres de son bureau), la technicienne et le réalisateur toujours de garde à Sherbrooke ont voulu témoigner leur affection et leur solidarité envers la demi douzaine de leurs collègues toujours sur le trottoir.
    Entre temps, les gardiens en « LOCK IN » qui gardent le bureau verrouillé dans un édifice verrouillé la nuit auront peut être un peu plus le cœur à l’ouvrage, forcés qu’ils sont de passer interminablement leur temps à regarder la télé. Et dire que de changer les serrures et les codes du système d’alarme aurait pu faire économiser des milliers de dollars à l’auguste Société. Mais que voulez-vous? Radio Canada toujours aussi parano nous considère comme de vulgaires « sauvages » alors que nous avons eu jusqu’ici démontré notre responsabilité de faire un conflit « propre » et plus civilisé qu’eux.

    Texte et photos: Roger Laroche, animateur d'
    Estrie Express

Une autre région branchée

Ici la Côte-Nord!
Sept-Îles et Baie-Comeau rejoignent la constellation de sites web des membres lockoutés! Bravo!
Un site réalisé par Patrick Delobel.

Écho des négos XVII - Entente sur les temporaires

Le coeur de la négociation actuelle, la précarité des employés temporaires, a été l'objet d'une entente ce matin vers 3h45, selon le chef négociateur syndical Ubald Bernard, rejoint chez lui vers 10h.
«On a gagné un des points majeurs qui étaient en jeu», confie Ubald qui avait du soleil dans la voix malgré la fatigue.
L'entente a plusieurs volets. Le principal est la fameuse liste de rappel. Ubald explique qu'une liste de rappel intermédiaire sera créée pour les temporaires ayant travaillé plus de 195 jours, mais moins de 300 jours. Sur cette liste de rappel, les temporaires devront être rappelés par ordre d'ancienneté.
Cette liste de rappel est un savant compromis entre le désir de stabilité des employés et le besoin de flexibilité de l'employeur. Il s'agira en quelque sorte une période d'essai: «Autrement dit, explique Ubald Bernard, les patrons ont de 196 à 300 jours pour décider s'ils gardent ou ne gardent pas quelqu'un.»
Schématiquement, si vous êtes employé temporaire:
- de 0 à 195 jours, les patrons n'ont aucune obligation de vous rappeler;
- de 196 à 300 jours, les patrons doivent vous rappeler par ordre d'ancienneté, mais peuvent encore choisir de ne plus jamais faire affaire avec vous;
- à 301 jours et plus, les patrons doivent vous rappeler par ordre d'ancienneté et vous ne pouvez plus être retiré de la liste de rappel.
Le syndicat a accepté des exceptions à cette nouvelle liste de rappel intermédiaire: «Pour des remplacements de courte durée, dit Ubald, il sera possible de rappeler quelqu'un de moins ancien en fonction de la tâche à accomplir.»

Autre élément gagné: des vacances annuelles pour les temporaires. Un jour et quart par mois travaillé, «y compris pour les temporaire de moins de 13 semaines, dit Ubald. Le 4% de cash disparaît pour être remplacé par des vraies vacances». Cette nouvelle disposition permettrait à un surnuméraire d'avoir droit aux mêmes vacances qu'un employé permanent après huit ans de service, soient 4 semaines. «Souhaitons quand même qu'ils soient permanentisés avant», précise-t-il!
Enfin, la notion de service continu a été assouplie: les périodes de travail pourront être espacées d'un «pont» pouvant aller jusqu'à 30 jours entre deux contrats sans que soit brisé le calcul de l'ancienneté et des vacances pour les contractuels de plus de 13 semaines. Les situations aberrantes où un employé perdait son ancienneté parce qu'il n'était pas rappelé au travail une journée ne devraient plus se reproduire.
Ubald Bernard attribue ce changement d'attitude aux actions remarquables des cadenassés. Le résultat de cette nuit est «nécessairement un bon signe, dit-il. Maintenant, il faudra voir sur les autres dossiers. On dormira pas au gaz pour la suite, en tous cas».

Par ailleurs, rien n'a filtré à la table quant à un retour au travail des employés. La date du 15 mai demeure purement hypothétique.

Les parties devaient se retrouver dès 11h au complexe Guy-Favreau pour passer à un autre point relatif à des «filets de rattrapage pour au sein de Radio-Canada pour les permanents de composantes qui seraient abolies».

mardi, mai 07, 2002

Image de la précarité...

La précarité

Photo prise pendant la manif du premier mai, au 10e étage de l'hôpital St-Charles-Borromée duquel on voyait toute l'étendue de la manif. Des employés sont juchés à la fenêtre pour regarder le cortège des marcheurs. Un pensionnaire les regarde regarder.

C'est ça, la précarité. Quelque chose existe. Des gens y ont accès... Mais d'autres en sont exclus... Et ce n'est pas juste.

Faire mentir Brel

C'est hier que s'est conclu la «saga de l'appareil photo numérique». On peut donc en faire le bilan.

Au départ, ce site était agrémenté de photos prises grâce à un appareil comme celui-ci. Le vendredi 26 avril, vers 13h30, en rentrant chez moi à vélo, j'ai rencontré par hasard Isabelle Berzeele, une camérawoman temporaire qui fait partie des «dommages collatéraux» du lockout puisqu'elle a été mise à pied par Radio-Canada à cause
d'un... manque de travail. Elle tournait du visuel pour un documentaire de MTV sur Céline Dion, sa première pige depuis qu'elle est sans emploi. Pour faire un suivi sur son histoire, que je destinais à ce site, j'ai pris des photos d'elle au travail parmi la foule du coin Peel-Ste-Cath.
Puis, elle m'a gentiment invité pour manger une bouchée. J'ai rangé le petit appareil photo dans la poche droite de mon manteau. J'ai transporté son trépied en marchant sur la rue Peel vers le chic restaurant Subway en face du carré Dominion, et j'avais toujours le trépied en mains pendant que je commandais, debout en ligne avec d'autres clients. Je soupçonne que c'est à ce moment-là, ou encore pendant que nous tergiversions sur la rue («Je t'invite - Mais non - Mais si, ça me fait plaisir - Mais c'est moi qui t'invite alors - Mais voyons, oublie ça - Bon, on va où - Je ne connais pas le coin - Patati - Patata») que quelqu'un en a profité pour me voler l'appareil. Un pickpocket ni plus ni moins... Je m'en suis rendu compte après le repas quand j'ai voulu lui montrer les photos d'elle. Et celles de Danielle Foucart. Et de Pierre Jubinville. Et de Dennis Trudeau pendant l'opération tracts-pétition au métro Vendôme de ce matin-là... Ce vol, combiné à la déprime ressentie après 1 mois de lockout, a eu l'effet d'un knock-out.

Le lendemain, samedi, au cours d'une autre opération de signature de pétition et de distribution de tracts, rue Monkland, j'ai raconté ma mésaventure à Éric Germain, de la radio, et Célestin Hubert, de la télé. Ils ont dit vouloir organiser une collecte de fonds pour que je puisse racheter un appareil neuf. J'ai refusé, mais ils ont insisté, enclenchant un mouvement impossible à arrêter.
Célestin a notamment confectionné de petits pots disposés dans le sous-sol de l'église qui nous sert de salle de lockout. D'autres collègues m'ont donné des sous directement, des gestes qui m'ont profondément touché.
En quelques jours, 635,66$ furent recueillis.

Une partie des sommes recueillies par la collecte


Initialement, j'assumais entièrement ce vol. Mes assurances (partagées avec un copropriétaire, par ailleurs) auraient vu d'un mauvais oeil que je fasse une seconde réclamation en moins d'un an (l'autre avait été pour un vol subi en août). Puis, j'ai réalisé qu'il était vrai que j'ai mis mon appareil photo en quelque sorte au service de la collectivité. J'avais donc pensé solliciter des dons sur ce site au moyen d'un service appelé «Paypal», mais les frais d'utilisation sont trop élevés pour de petits montants. Mais je ne pouvais pas accepter que mes collègues défraient les coûts d'un appareil dont j'aurais continué à me servir, longtemps après le conflit, pour prendre des photos de ma famille, de ma collection de roches, de mon gerboise savant, et que sais-je encore. Compromis: en assumer la moitié.
Plusieurs collègues m'ont dit qu'ils seraient insultés si je payais la moitié de la facture. Mon code d'éthique personnel ne me permet pas de faire autrement. Surtout que ce site, c'est d'abord pour moi que je l'ai fait, pour continuer à «travailler» (ou à en avoir l'impression), pour continuer à me sentir utile, ingrédient essentiel à une bonne santé mentale.
Le mardi 30 avril, donc, je me suis rendu à la boutique La Place du boulevard St-Laurent, avalée il y a quelques années par l'empire Dumoulin. J'ai voulu acheter le même appareil que celui volé. Comme il s'agit d'un modèle dépassé, il ne leur en restait plus qu'un seul dans l'ensemble de leur réseau, à leur succursale de Laval, autoroute 440. J'ai payé pour le réserver et le lendemain, 1er mai, je me suis rendu à Laval pour le cueillir. Mais l'appareil en question était un «démonstrateur» auquel il manquait des accessoires (chargeur de batteries, etc.). Le vendeur de La Place a proposé le «modèle de l'année» dans la même marque... mais à 100$ de plus. J'ai refusé en disant que j'avais déjà payé pour quelque chose qu'il ne pouvait me livrer. Il a finalement cédé le nouveau modèle au prix de l'ancien. Yes!
Voici la facture, cliquez sur cette petite image, ci-dessous, pour un agrandissement (patience, la grande version «pèse» 658 Ko)

Facture du nouvel appareil. Cliquez pour voir un agrandissement


Coût de l'appareil: 568,00$. Avec les taxes: 653,34$
La moitié de ce montant est 326,67$. Comme la collecte avait recueilli 635,66$, il y avait 308,99$ en surplus. J'ai donné hier soir 300$ au comité d'entraide avant le spectacle de solidarité pour les cadenassés au Spectrum, ce qui fait que j'ai assumé moins que la moitié de la facture, 48,6% pour être plus précis.

Une collègue mettant le 300 dollars recueilli en surplus par la collecte dans la bo&icric;te des dons au show d'hier au Spectrum


J'avais promis un rapport complet aux collègues qui ont contribué au remplacement de mon appareil. J'espère qu'il convient.
Et je remercie encore du fin fond du coeur tous ceux qui m'ont aidé. Ils ont fait la preuve que, contrairement à ce que chante Brel dans Orly, la vie peut faire des cadeaux.

Écho des négos XVI

C'est le médiateur Jacques Lessard qui tient les équipes de négociateurs patronale et syndicale informées de l'évolution du score de la 3e partie entre le Canadien et les Hurricanes de la Caroline.
La troisième période s'achevait sur un pointage de 1-1, et comme les joueurs de hockey, les négociateurs font de l'overtime ce soir. À 21h30, Ubald Bernard et ses collègues étaient encore au complexe Guy-Favreau et attendaient un retour de la partie patronale sur une proposition à propos des listes de rappel des temporaires.
Les discussions ont commencé dès 9h30 ce matin et ont porté sur la question des temporaires.
Le chef négociateur syndical dit qu'il y a peut-être un changement d'attitude chez ses vis-à-vis patronaux. «Mais tant que ce n'est pas dans des textes... Il n'y a rien de tel qu'un texte qui précise et établit ce que des vice-présidents peuvent déclarer ou ce que des publicités dans les journaux peuvent laisser entendre.»
Les négos avaient toujours cours quand ceci a été mis en ligne. «On ne s'est pas donnés d'heure limite, dit Ubald, c'est ouvert, mais pas de façon illimitée.»

Festival de la solidarité

Par ici la solidarité


Les mots me manquent pour décrire le véritable festival de la solidarité qui a eu lieu ce soir au Spectrum.
Pour décrire l'impression que plusieurs avaient de vivre un moment historique comparable à l'événement «Difficultés temporaires» du 12 janvier 1959 à la Comédie canadienne, en appui avec les réalisateurs en grève de Radio-Canada.
Pour décrire les émotions provoquées par la présence de tant de performers qui ont donné leur temps et par la rage créatrice dont ont fait preuve les collègues qui ont eu le courage de la scène.
Salle comble, avec 1200 personnes, sans compter plus de 500 internautes qui ont pu assister au spectacle sur l'écran de leur ordi.
Environ 6500$ ont été recueillis pour le comité d'entraide, dont 0,25$ provenant d'un «patron» non-identifié de RC, aperçu parmi la foule des supporters.

Le zapartiste François Parenteau imitant René-Lévesque


Un Bernard Derome animé d'une lucide colère a sonné l'envol de la soirée de près de 5 heures ponctuées de 63 numéros. Le Zapartiste François Parenteau a ouvert le bal avec une étonnante imitation de René-Lévesque faisant un Point de mire sur le conflit au moyen d'un graphique évocateur.
Puis, des Deadlock survoltés ont électrisé l'atmosphère avec leur version de Tassez-vous de d'là des Colocs.

Le point de vue de Guy Lapointe sur la foule

Deadlock fesse dans le dash

Deadlock arrache tout sur son passage


Ensuite, el subcomandante Philippe Schnobb est venu informer l'assistance que 21 068 noms avaient été recueillis au cours de diverses opérations de signature de pétition ces dernières semaines. La protection des feuillets de pétition était assurée non pas par l'agence Kolossal, qui patrouille des abords du siège social du boulevard René-Lévesque, mais par l'agence Miminuscule Viroly!

Michèle Viroly et Philippe Schnobb


Yvon Deschamps a fait un numéro excellent où il a dit qu'il préférait le hockey sans commentaires.
Plume Latraverse a chanté Calvaire... Oublie jamais mon p'tit gars; on a chacun nos p'tites misères; mais faut pas s'en faire un calvaire.

Plume Latraverse


Numéro suivant: Bertrand Hall, journaliste au Point, a fait son Blues du lockout accompagné de son guitariste Jean-Luc Thievent.

Bertrand Hall et Jean-Luc Thievent


Puis, Guy Provost et Monique Mercure ont lu un texte écrit par nul autre que Marcel Dubé qui dénonçait ce lockout sur la culture québécoise juste avant que l'humoriste anglophone Christopher Hall fasse tordre de rire la salle avec son humour caustique et allant droit au but. L'hilarité s'est même emparée du chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, présent au spectacle.

Gilles Duceppe


Par la suite, Vincent Gratton et Michel Dumont ont livré un poignant extrait de La mort d'un commis-voyageur dans lequel le personnage joué par Dumont, Wily Loman, implore son jeune patron de lui accorder une augmentation de salaire... en vain. Un jeu qui a bouleversé plus d'un

Vincent Gratton et Michel Dumont interprétant la mort d'un commis voyageur


Puis, la batterie de mon appareil photo est tombée à plat. Pas de photos de Marie-Claude Lavallée chantant La Bohème; de Penny Lang nous faisant découvrir le ravissant chant révolutionnaire We shall not be moved; de Mononc'Serge réussissant à faire du métal avec une guitare sèche (selon l'expression de Stéphane Bordeleau); la poésie trash de Tony Tremblay; la météo du lockout de Pascal Yiacouvakis; les cris du coeur de Steve Faulkner; les aventures de Michel Mpambara au Saguenay; le medley d'Offenback offert par trois comédiennes endiablées; Sylvie Drapeau lisant un bouleversant extrait d'Elvire Jouvet qui décrivait bien ce que ressentent de nombreux cadenassés devant un employeur qu'ils aiment mais qui se joue d'eux; la danse envoûtante de Michaëlle Jean et Michel Séguin; l'hommage plus que senti de Monique Giroux à Sylvain Lelièvre qui aurait sans doute été là et qui a donné la clip de la soirée, selon Jocelyn Desjardins, en disant qu'«il n'est pas encore né celui qui va réussir à faire taire autant de talent».
Pas d'images, à regret, du bulletin de nouvelles des Zapartistes et de leur rendu de Charles Tisseyre; de Jean-Guy Moreau incarnant Jean Chrétien dans une comédie musicale; du couple par excellence du lockout Chantal Jolis et Michel Desautels; de Chloé Sainte-Marie; du quartet swing Suzie Arioli; de Gilles Vigneault qui nous entendait «parler de liberté»; de Florent Vollant, Richard Séguin, ni de Michel Rivard et la chorale du lockout qui a terminé ce show ficelé de main de maître par les organisateurs.
Enfin, merci à Robert Rabinovitch sans qui cette soirée exceptionnelle n'aurait jamais eu lieu.

lundi, mai 06, 2002

Suivi sur une éventuelle rentrée au travail

Fausse alerte au memo aujourd'hui sur les piquets. Un collègue disait pouvoir confirmer l'information publiée sur ce site: un employé du service de l'informatique lui ayant dit qu'un mémo avait été transmis au sein de son service pour préparer tout le monde à une réintégration des cadenassés le 15 mai.
Pour vérifier l'info, je téléphone à un autre employé du même service qui indique qu'un mémo a bel et bien été transmis. Je lui demande une copie papier dudit mémo. À la fin de son quart de travail, à 17h, il m'a remis le document photographié ci-dessous. Fausse alerte, semble-t-il, puisqu'il s'agit du communiqué interne que la direction a fait circuler à ses employés jeudi dernier pour annoncer le début du marathon de négos qui commence demain.
Rien pour le moment, donc, ne vient confirmer que les lockoutés seront bel et bien de retour au travail la semaine prochaine.
Fausse alerte au memo

Coup de coeur!

Double choc aujourd'hui, d'abord en voyant la multiplication des coeurs sur la tour. Combien y en a-t-il au total? Sur combien de fenêtres en tout? Il faudra bien compter tout ça à un moment donné cette semaine.
Et puis second choc en constatant que c'est même devenu un autocollant.
J'ai appris que c'est JoAnn Demers, réalisatrice à Découverte que l'on doit cette opération à coeur ouvert. Un autre formidable exemple de créativité mise au service de la solidarité.
La tour n'en finit pas de bourgeonner

L'autocollant des réalisateurs

Retour des commentaires

Un premier système de commentaires, netcomments, est vite tombé en panne. Le système le plus utilisé, YACCS, n'acceptait plus de nouveaux abonnés... jusqu'à tout récemment. C'est fait. Vous lisiez, j'en suis fort aise, eh bien commentez maintenant.

dimanche, mai 05, 2002

De retour le 13 mai?

Attention aux faux espoirs, mais selon deux sources dignes de confiance (des collègues artisans de l'information en lockout), le conflit tirerait à sa fin.
Une première cite une source à elle en ces termes: «Le "caucus Québec" à Ottawa en a assez. Les Coderre, Cauchon, Pettigrew, Martin, Robillard et autres auraient donc sommé la haute direction de la SRC de régler le problème d'ici un mois (donc, début juin au max), faute de quoi le prochain budget de la boîte sera revu à la baisse. Je ne peux (évidemment) pas te révéler l'identité de ma source, mais j'espère que tu sais que j'ai suffisamment d'expérience pour discerner une bonne source d'une source bidon. Et celle-ci est en béton armé.»
La seconde raconte qu'une source à elle a vu, de ses yeux vu, sur le bureau de la vice-présidente télé Michèle Fortin, un document qui détaillait la réintégration des employés en lockout pour le 13 mai. L'accès au document a été bref, mais la source (qui n'est ni un cadre, ni un cadenassé) a pu lire qu'un «comité d'accueil» célèbrerait le retour au travail le 15 mai avec «café, muffins et jus d'orange»...
Ce document laisse entendre que quoi qu'il arrive à la table de négociations, qu'il y ait entente ou pas, Radio-Canada mettrait fin au lockout.
La suite? Ce n'est qu'une hypothèse qui en vaut bien d'autres. Mais j'imagine facilement un retour au travail, avec moult excuses sur le plan personnel de la part de nos patrons respectifs. On amadoue les troupes. Pendant ce temps, les négos piétinent. Le blitz s'achève sur une mésentente. La direction répond par des «offres finales» que les membres, épuisés par 7 semaines de lockout, désireux de travailler après avoir perdu 14% de leur salaire cette année, et ne voulant pour rien au monde faire le trottoir à nouveau, accepteront quoi qu'elle contienne.
Cette hypothèse est inspirée de la théorie du Good cop, bad cop expliquée par le correspondant de la télé à Dakar, Jean-François Bélanger, qui réagissait en ces termes, vendredi, après l'annonce d'un blitz de négos pour cette semaine:
    Ça me fait [...] l'effet de flics qui essaient d'obtenir ce qu'ils veulent d'un suspect ou d'un témoin. D'abord. ils lui font plein de menaces, sont bêtes et méchants avec lui, de mauvaise foi. Ils le laissent mariner longtemps, parfois seul, sans informations sur son sort ou sur ce qu'il risque de lui arriver. Puis ils reviennent à la charge. L'accusent encore, le bousculent, lui reposent encore et encore les mêmes questions, refont des menaces.
    Puis, il y a relève de la garde. Et tout à coup, c'est un supérieur qui prend le dossier en main. Le bon gros chef du poste de police. Il s'excuse au nom de ses collègues un peu plus jeunes, inexpérimentés, qui ont un peu parfois tendance à s'emporter, à en faire trop. Le bon gros flic est sympa avec toi. Alors, toi, inconsciemment, tu en fais ton allié. Plutôt lui que les autres. Le but recherché, c'est qu'après t'avoir bousculé et t'avoir fait peur, tu te laisses aller aux confidences avec le «good cop». Je connais la technique: je l'ai vécue récemment avec la police secrète du Zimbabwe (Central Intelligence Office).
    Et j'avoue que l'intervention de Sylvain Lafrance et de Mme Fortin me fait beaucoup penser à celle des «good cops» après les «bad cops» qu'étaient Huguette Wiseman et Marc Sévigny.
    Cela reste néanmoins un tournant dans cette crise; une main tendue -qu'elle soit de bonne foi ou non- et donc une occasion de mettre un terme à l'impasse.
    Dans mon cas, au Zimbabwe, ma libération est intervenue peu de temps après l'intervention du «good cop» et je n'ai pas pour autant cédé un pouce de terrain...

Puissions-nous être libérés sans pour autant céder...

Manipulés par la CSN (2)

Des lockoutés écoutant les dirigeants du syndicat

J'aime bien cette image, prise à la première assemblée d'information de vendredi dernier, à Montréal, au sujet du blitz de négos qui démarre mardi. On voit les regards que doivent affronter les dirigeants du syndicat des communications de Radio-Canada. Pas un membership facile. Des sceptiques de métier. Des regards qui disent: «Oh yeah?» Des regards d'hommes et de femmes libres qui se méfie de tout, même de ceux qui les représentent.

Benoît Giasson

«Aux assemblées générales, la CSN, même, nous retenait», se souvient Benoît Giasson rencontré à la marche du Premier mai après qu'il ait été plaqué au sol par un agent de Kolossal. Le journaliste à l'émission 5 sur 5 pense que jamais la grande centrale n'a eu à dealer avec des membres aussi créatifs, aussi motivés. Et s'ils le sont autant, c'est grâce à la façon de négocier de Radio-Canada: «C'est sauvage, déplore Giasson. Ils disent qu'ils veulent un règlement négocié, alors qu'avant le conflit, toutes leurs offres nous étaient balancées par la têtes et elles étaient finales, à prendre ou à laisser.»

Monique Laberge, à l'avant-plan, et sa fille Catherine Rioux

«Notre grève de 24 heures, souligne Monique Laberge, journaliste aux nouvelles radio, ça n'avait rien à voir avec la CSN. On voulait en finir avec la précarité, parce qu'on a donné notre max depuis le 11 septembre, et là, on est traités comme... comme... je ne sais pas quel mot employer.» Elle ne se sent pas du tout un instrument du syndicat, même en pleine marche du Premier mai. «S'il y a des gens imperméables aux slogans syndicaux, c'est nous.»
Sa fille, Catherine Rioux, sous-titreure, sent la présence de la CSN durant les activités du syndicat en termes de moyens financiers, «mais pas dans le discours», précise-t-elle. «Et la direction veut nous faire passer pour des moutons? Ben voyons donc! Sur les lignes de piquetage, je peux te dire que je n'en vois pas beaucoup, de moutons.»

Paul Gascon

«Ridicule!» Répond Paul Gascon, de RDI, quand on lui demande s'il se sent gouverné par la CSN: «Je ne me sens manipulé par personne. Je n'ai rien à gagner de ce conflit. Je suis permanent. C'est par solidarité avec mes collègues précaires que je suis ici.» Il ne comprend pas trop le plan de match de Radio-Canada, si plan de match il y a. Mais c'est bien plus là que se trouve la source de la mobilisation des radio-canadiens à la rue. Il s'attend maintenant à ce que les négos échouent et que Radio-Canada dépose malgré tout de nouvelles «offres finales», des offres sur lesquelles les membres devront se prononcer en assemblée générale: «Il y a des risques réels que ce soit rejeté, même s'il y a des gens épuisés d'être dans la rue. Moi, en tous cas, je ne rentrerai pas pour rien.»

1200 places pour 1400 cadenassés appuyés par 15 000 personnes
Aussi bien y assister par Internet

Il y aura beaucoup d'appelés, peu d'élus, demain soir, à LA SOIRÉE DU LOCK-OUT, spectacle bénéfice au Spectrum de Montréal. Jocelyn Desjardins, responsable de l'organisation du show, transmet ces quelques instructions pour que tout baigne:
  1. Arrivez à 17h30 pour vous mettre derrière la file des cadenassés. À 18h00, les cadenassés pourront commencer à entrer. Cette file sera fermée à 18h30.
  2. Le grand public qui fera la file pourra entrer dans la salle de 18h30 à 19h00. Arrivez le plus tôt possible pour vous assurer d'une place.
  3. Un cadenassé = une entrée. Toute personne qui accompagne un cadenassé doit faire la file avec le grand public. Seules exceptions : les femmes enceintes et les personnes à mobilité réduite qui accompagnent un cadenassé auront un accès privilégié.
  4. Les personnes de moins de 18 ans ne seront pas admises, le Spectrum étant un débit de boisson.
  5. La moitié des places à l'intérieur du Spectrum seront des places debout. Nous demandons à tous ceux qui entameront la soirée avec des places assises de bien de bien vouloir accepter de les céder à tous ceux qui en feront la demande, pour que tout le monde ait la chance de s'asseoir à tour de rôle.

Si vous ne pouvez vous y rendre en chair et en os, il vous sera possible de voir et entendre le show sur Internet grâce à un lien à très haut débit (200 Mbps, soit 200 fois votre débit si vous êtes abonné à Sympatico haute vitesse, par exemple, ou plus de 3500 fois une connexion par modem téléphonique classique). Deux «streams» seront offerts, l'un pour écouter le spectacle avec Windows Media, l'autre pour l'écouter avec un logiciel de lecture mp3. Vous trouverez des hyperliens sur le site du SCRC.

Durcissement du conflit

Le verdict est tombé cet après-midi au procès de Maurice Boucher. Le chef présumé des Hell's a été reconnu coupable et un groupe de cadenassés se sont présentés pour gêner pacifiquement la prise d'images par les caméras de Radio-Canada. Mais des agents de la firme Kolossal ont malmené plusieurs collègues, dont Philippe Schnobb qui relate le fil des événements sur son site.
Mario Proulx, qui en était à sa première opération «commando» en a eu les jambes coupées: «Je suis sidéré, a-t-il écrit sur la liste de discussion par courriel des lockoutés. Je suis en face de "goons", de voyous embauchés par mon employeur. Duplessis n'est pas mort, Asbestos est plus qu'une série télévisée... Vraiment aberrant.» Certains songeraient porter plainte pour voie de fait contre les agent d'insécurité.
Le plus inquiétant dans ce qu'ils racontent, c'est qu'un réalisateur de RDI a imité les fiers à bras de Kolossal, s'en prenant à plusieurs de ses collègues de travail.

Ce qu'il ne semble pas comprendre, c'est qu'il a forcé une ligne de piquetage. Radio-Canada n'est pas une usine. Elle ne compte pas qu'un seul lieu de travail. Le Palais de justice de Montréal, quand il y a un verdict de rendu dans un procès comme celui de Maurice Boucher, devient un lieu de travail potentiel pour des journalistes. Mais s'ils sont cadenassés par leur employeur, il leur est tout à fait légitime d'ériger un piquet au Palais de justice. Si des collègues le franchissent, ce n'est pas illégal, mais on laissera leur sens moral en juger.
Cependant, si ces mêmes collègues forcent le piquet en employant la force contre leurs collègues, rappelons-leur simplement l'article 265 du Code criminel, qui traite des voies de fait:

    «Commet des voies de fait, ou se livre à une attaque ou une agression, quiconque [...] d'une manière intentionnelle, emploie la force, directement ou indirectement, contre une autre personne sans son consentement»

C'est aussi simple que ça.
La peine maximale? Cinq ans de prison.

Deux jours avant, vendredi dernier, à Québec, le journaliste de la radio Claude Brunet a même été arrêté! Il doit comparaître lundi sous des accusations d'avoir troublé la paix. Son histoire est racontée sur le site SCRC Québec.