samedi, mai 25, 2002

Et maintenant, on fait quoi?

De très nombreuses personnes ont exprimé le souhait de poursuivre la discussion après le lockout, autant pour débattre de l'avenir de Radio-Canada que pour parler de relations de travail. Pour accomplir une partie de la réflexion (et une partie seulement) sur Internet, trois avenues sont possibles.






1. Groupe de discussion par courriel
On peut conserver le groupe de discussion par courriel mis sur pied au début du conflit et y inviter un plus grand nombre de participants: pas seulement des membres du SCRC, mais également des Radio-Canadiens d'autres syndicats, des cadres et même des gens du public, car ce sont eux les actionnaires de la Société. Il reste encore 358 abonnés, ce qui veut dire qu'assez peu de gens s'en sont désabonnés depuis la fin du lockout.

Avantages: Simplicité. Toutes les communications se font par courriel. Possibilité de partager des photos, des documents, de faire des sondages, entre autres.
Inconvénients: Surabondance de messages. Taux signal/bruit trop faible. Interface en anglais seulement. Publicité envahissante.






2. Blogue collaboratif
Il y a moyen d'être plusieurs à écrire dans un blogue comme celui-ci.
J'en ai créé un nouveau appelé Nous sommes Radio-Canada (pas très attrayant pour l'instant, mais ça s'embellit). Tous ceux qui se sentent d'attaque peuvent le tester. Publiez. Donnez-vous en à coeur joie!
Voici la façon de procéder. Rendez-vous sur le site Blogger et dans la partie inférieure droite, entrez, dans la boîte SIGN IN (et non SIGN UP) les données suivantes:
    username : radio-canada
    password : rabinovitch


Avantages: Flexibilité. Possibilité de mise à jour où que l'on se trouve, à la maison ou au travail. Possibilité de permettre à plusieurs rédacteurs à contribution. Simplicité de l'interface. Simplicité de la page d'accueil.
Inconvénients: Interface en anglais seulement. Une seule page d'accueil. Publicité en haut de page (dont on peut cependant se débarasser pour 35$US par année). Limite de publication à 100Ko par mois (qu'on peut doubler pour 3$US). Vulnérabilité à des pannes de service (Blogger et Blog*Spot sont ultra-populaires et quelque peu victimes de leur succès).






3. Média collaboratif
Il y a également moyen de se donner un outil plus robuste qu'un blogue.
Grâce à un outil appelé Système de publication pour l'internet partagé (SPIP), il est possible pour un groupe de publier, de partager des idées, de discuter en ligne, le tout sur un même site web.
J'avais enregistré le nom de domaine blogue-out.com sans trop savoir qu'en faire. Maintenant que le conflit est terminé, nous pouvons tous (employés de tous syndicats, cadres, auditeurs et téléspectateurs) nous en servir pour débattre.
Si vous vous rendez sur http://blogue-out.com/, vous arriverez sur un nouveau site provisoirement appelé [Après le lockout], un site graphiquement ordinaire (ici encore, ça s'améliore).

Il est divisé en 4 sections:
- l'une pour discuter de l'avenir de Radio-Canada en tant que diffuseur public
- une seconde pour parler de conditions de travail
- une 3e pour faire des annonces quelconques
- une dernière pour des sujets non-couverts par les trois autres

Comme avec l'avenue «blogue collaboratif», vous êtes invités à tester vous-même ce à quoi ressemblerait votre participation à ce média collaboratif. Publiez-y ce que vous voulez pour le moment. Il s'agit d'un test. Le tout sera remis à zéro le moment venu si c'est cette avenue qui est choisie.
Voici la façon de procéder. Rendez-vous sur l'interface de publication et dans la fenêtre qui apparaîtra en surimposition sur votre écran, tapez les infos suivantes:
    username ou nom d'utilisateur : radio-canada
    password ou mot de passe : rabinovitch


Avantages: Flexibilité de mise en pages. De nouvelles rubriques peuvent être crées à loisir. Pas de pub.
Inconvénients: Interface de publication pas facile à saisir au premier abord. Le nom de domaine «blogue-out.com» va devenir étrange avec le temps. Seuls les «administrateurs» peuvent autoriser la publication de contenu (mais on contourne ça en faisant de plusieurs personnes sérieuses des «administrateurs»). L'hébergement coûte une vingtaine de dollars (14 € plus taxes) par mois.







Pour ne pas s'éparpiller, il est évident qu'il ne faudra choisir qu'un seul de ces trois outils (bien que le groupe de discussion par courriel peut rester actif ad vitam aeternam), ou même déterminer qu'aucun de ces outils ne serait utile pour le travail à venir. Ce seront vos commentaires qui détermineront ce choix. D'ici là, Blogue-Out sera en graduel phasing-out.

Un effet du lockout?

Communiqué interne de Radio-Canada tombé hier (vendredi) à 15h44.
Mise en échec dans la bande par RDS, la Société perd le hockey la saison prochaine. Est-ce un effet de ce brillant lockout? Si c'est le cas, faudra que ceux qui en ont eu l'idée se fassent «parler» dans la chambre des joueurs.

    LA SRC ENTEND FAIRE LE MAXIMUM POUR PRÉSERVER LA TRADITION DE LA SOIRÉE DU HOCKEY


    Comme vous l'avez peut-être lu ce matin dans le Journal de Montréal, la direction du Club de Hockey Canadien, de concert avec la LNH, souhaite que ses matchs soient présentés à un seul réseau, en l'occurrence RDS, dès la saison prochaine.
    Cette décision signifierait d'une part, la ghettoïsation des matchs du Canadien sur un réseau accessible seulement via le câble et, d'autre part, la fin d'une tradition d'un demi-siècle de fidélité entre les téléspectateurs, la Société Radio-Canada et le Canadien de Montréal. La situation actuelle nous déçoit et nous étonne à la fois. Il y a à peine quelques semaines, nous avions une entente verbale avec le Canadien qui répondait à toutes leurs attentes et qui respectait les impératifs financiers et de programmation d'un réseau d'État généraliste comme le nôtre.
    Nous avons appris récemment, avec étonnement, que cette offre était écartée et que la direction du Canadien souhaitait privilégier un seul réseau.
    Soyez assurés que nous mettrons tout en oeuvre pour préserver la tradition de la Soirée du hockey à notre antenne, la plus ancienne émission de télévision canadienne, et ainsi offrir à toute la population, d'un océan à l'autre, la possibilité de regarder les matchs du tricolore gratuitement. D'ailleurs, la ministre du Patrimoine canadien, l'Honorable Sheila Copps, a été sensibilisée à la menace qui pèse présentement sur l'avenir de la Soirée du hockey.
    Nous vous tiendrons informés des développements entourant ce dossier, qui fera certes couler beaucoup d'encre au cours des prochaines semaines.
    Daniel Gourd, directeur général des programmes (Télévision française)


PS: Ne vous gênez pas pour faire aussi couler les octets en commentant cette savoureuse nouvelle! :-)

Jour 1

Pierre Michaud, rédacteur au Centre de l'information, a pris quelques clichés quelques heures après mon passage au CDI décadenassé: «Il est rare que je sois si content de me lever à 3h30 du matin, écrit-il dans un courriel. Tout le monde semblait être heureux d'être de retour.» Voici quelques images de la première vague d'ex-lockoutés.

La salle des machines
Dans mes souvenirs, ce n'était pas si grand...


Nathalie Chung
Natalie Chung à 6h59, juste avant d'entamer la lecture du tout premier bulletin de nouvelles animé par une présentatrice lisant dans un télésouffleur depuis deux mois. Sur le télésouffleur en question, on peut lire: «Bonjour mesdames et messieurs. Au nom de tous mes collègues bienvenue au Réseau de».


Daniel Boily manifestant sa joie
Entre deux bulletins, Natalie Chung s'attèle à la rédaction accompagnée de l'affectateur du weekend, Daniel Boily, qui manifeste ce qui ressemble à un mélange de bonheur et de soulagement.


Siffler en travaillant
Guy Lalande, adjoint au pupitre à gauche, et Sébastien Partikian, chef de pupitre du Matin Express weekend, n'ont pas l'air trop préoccupés par les cassettes qui commencent déjà à s'empiler devant eux!

vendredi, mai 24, 2002

Le départ

Sésame ouvre-toi

Minuit moins quelque, le vendredi 24 mai. Ma carte magnétique réussit à ouvrir les portes de la Maison de Radio-Canada. Le dernier symbole du lockout vient de disparaître.

Claudine Presseau

Voici la première décadenassée du CDI (Centre de l'information), Claudine Presseau, journaliste au centre d'écoute (la salle des balayeurs d'ondes pour épier les conversations des policiers, des pompiers, des ambulanciers, etc.).

Back to business... ou presque

Et voici le premier bogue de la première décadenassée: «C'est quoi, donc, le mot de passe?»

Le bal

Le sous-sol du lockout désert...

Un message de Marie-Hélène Poirier, animatrice de la première chaîne radio, hier, sur le groupe de discussion par courriel, m'a donné envie de rendre une visite ultime, globale et finale au local de lockout.

À recycler


Voici ce qu'elle avait écrit:
    L'élément le plus saisissant: le silence! Un choc pour la mémoire et l'imagination! Je me sentais comme dans une scène du film d'Ettore Scola, Le Bal. Toutes ces ombres, colorées encore, ces visages, ces tables chargées de pizza et de bagels et les rangées de chaises enlignées pour nos réunions d'informations, quand la salle était pleine à craquer... Les pancartes empilées...devenues inutiles... Des photos de nous, pêle-mêle sous des paquets de tracts. Un vieux chandail gris en laine. Et notre PÉTITION! quelqu'un a écrit sur le dessus de la pile: «Cherchez les noms célèbres». Moment saisissant! *soupir...*


Brigitte Bougie


Dans les cuisines, Brigitte Bougie, une des responsables du comité bouffe, faisait un dernier ménage. Brigitte est l'une des nombreuses fourmis ouvrières de ce lockout, qui a oeuvré dans l'ombre, assidûment, en cuisinant des soupes, des gâteaux, alouette. Quand je repense à ce qu'elle a fait, et à la solidarité appliquée de centaines de cadenassés, je trouve presque dommage que ce soit terminé.

Il faut encore montrer patte blanche


En fait, ce ne l'est pas encore tout à fait. Pour entrer dans la grande tour de Radio-Canada, il faut encore montrer patte blanche. Les membres du SCRC sont toujours exclus. Michel Lacombe, qui a une émission à préparer pour samedi, a voulu entrer hier matin. Esclandre. Quatre gardiens, paraît-il, ont dû le sortir. Au moins, ce ne sont plus ceux de Kolossal.

À la porte, une note explique que cette ridicule exclusion n'est plus qu'une question d'heures...

Minuit ce soir, Michel!

jeudi, mai 23, 2002

«Flash» n'en parlera pas, alors parlons-en

Le Choeur de Radio-Canada, qui a continué d'exister malgré le loquet/cadenas/lockout, donne 2 spectacles aux antipodes de Deadlock dans les jours qui viennent. Les organisateurs de ces deux concerts, qui n'ont pas pu être annoncés sur les ondes de RC, craignent de ne pas vendre suffisamment de billets. Ils m'ont demandé de faire l'annonce ci-dessous:

2 concerts de BACH (Magnificat en ré majeur, BWV 243) & HANDEL (extraits du Messie)

Avec les 50 choristes du choeur de Radio-Canada
et 19 musiciens de l'Orchestre baroque de Montréal
Monique Pagé, soprano
Renée Lapointe, mezzosoprano
Frédéric Antoun, ténor
Vincent Ranallo, basse

le tout sous la direction de Frédéric Vogel

    Le premier concert:
    - Vendredi 24 mai
    - 20h00
    - Église St-Joachim de Pointe-Claire (2 rue Ste-Anne)


    Le second:
    - Dimanche 26 mai
    - 14h00
    - Sanctuaire du St-Sacrement (angle Berri et Mont-Royal Est)


L'admission coûte $20, mais c'est gratuit pour moins de 12 ans.

Quelques images de l'assemblée finale

Bienvenue dans l'arrondissement Anjou
Cette fois, c'est à Anjou, bucolique arrondissement de l'est montréalais, que le tout s'est déroulé.


Mélanie Bourgeois
Dans les couloirs du soi-disant «Centre de congrès» Renaissance (complexe de partys de mariage plutôt), les gens ont découvert le contenu de la négociation de la nuit entre le commando patronal (composée de Michel Hamelin et Jean Fradette, employés des Ressources humaines de RC, ainsi que de Thierry Bériault, avocat de la Société) et le band syndical rencontré hier aux petites heures au Complexe Guy-Favreau (ces négos de dernière seconde ont d'ailleurs commencé vers 2h du matin pour se terminer à 11h23). Neuf heures et demie de pourparlers pour définir une «Annexe V» aux offres et ficeler un protocole de retour au travail.
Dans la fameuse «Annexe V», il n'y avait rien de nouveau offert aux contractuels de la télévision et de la radio générales, qui avaient pourtant demandé au comité de négos d'aller chercher des permanences pour eux aussi lors de l'assemblée de la semaine dernière à Laval. Mais en se rendant compte que Radio-Canada ne leur avait rien offert, les membres étaient quelque peu inquiets de la tournure de cette assemblée. «Tout est pour les gens de l'information. Ça va les [les artisans de la télé et de la rdio générales] faire chier encore plus», a dit ma collègue des nouvelles télé Mélanie Bourgeois.


Simon Dallaire
Dans cette «Annexe V» (détails sur le site officiel de Radio-Canada sur les négos, RC s'engage notamment à «soutenir ses employés dans le désir d'évoluer professionnellement au sein de la société». Cela cherche notamment à prévenir que des gens soient obligés de démissionner de Radio-Canada (en perdant ancienneté et avantages) pour changer de poste au sein de Radio-Canada.
Sauf que cet engagement ne règle pas le problème de Simon Dallaire, ancien de
La Course devenu assistant à la réalisation. Il y a une aberration dans notre syndicat. Nous regroupons les assistants à la réalisation. Mais dès que ceux-ci, comme Simon, veulent devenir réalisateurs, ils doivent démissionner car ils changent d'affiliation syndicale. Simon a demandé si l'«Annexe V» allait lui permettre d'éviter de démissionner de Radio-Canada pour devenir réalisateur. Nos représentants syndicaux lui ont répondu que, malheureusement, non. L'air de Simon en dit long sur la façon avec laquelle il a accueilli la nouvelle.


Pierre Tousignant, confiant de fumer un cigare d'ici la fin de la journée
Malgré tout, au fur et à mesure qu'avançait l'assemblée, l'«applaudissomètre» permettait de dégager une tendance favorable à l'acceptation de ces offres retouchées.
On apprenait par ailleurs que c'est grâce à la médiation de Gérald Larose, ex-président de la CSN, que les deux parties ont pu s'entendre pour amorcer un sprint final dans la nuit.
Pierre Tousignant, journaliste à Sherbrooke, avait emmené pour l'occasion un Habanero Montecristo. Il allait bientôt l'allumer puisqu'en fin d'après-midi, les offres étaient acceptées par 694 voix (69,1%) contre 302 (30,0%) et 9 abstentions (0,9%).



Michel Couturier recevant les félicitations du comité de négos
À l'annonce de ces résultats plus clairs que ceux d'un référendum québécois, toutes les caméras ont convergé vers l'estrade où l'exécutif syndical semblait soulagé que le conflit soit enfin résolu.
L'exécutif et le comité de négos avaient recommandés l'acceptation des offres. Mais les délégués syndicaux, eux, avaient été plus partagés: 26 pour et 11 contre, une proportion annonciatrice du résultat final.


Marie-France Bazzo après l'annonce du résultat
Mais avant de converger moi aussi vers l'estrade, j'étais au fond de la salle, tout près de Marie-France Bazzo et son équipe, sur qui les résultats du vote ont eu l'effet d'une douche d'eau froide. Marie-France à longuement fixé les réjouissances de l'exécutif d'un air consterné.
Avant l'assemblée, elle conspuait les offres retouchées qui ne donnent strictement rien aux membres de son équipe qui continueront d'être des humains loués. «Le fameux montant forfétaire de mille dollars, donnait-elle en exemple, eh bien la plupart de mes recherchistes n'y auront pas droit parce qu'ils n'étaient pas à l'emploi de Radio-Canada le 18 juin dernier. Ils étaient entre deux contrats.» À ceux qui disaient vouloir retourner à Radio-Canada avec leur colère, elle répondait: «Essaye, toi, un contractuel à 39 semaines, d'exprimer ta colère à un boss. Essaye, voir.»


Daniel Carrière Yahoo!
Les collègues du service nordique également se retrouvent le bec à l'eau. Sauf que la plupart des membres avaient «la solidarité à terre», comme l'a dit Sophie Langlois. La nouvelle convention collective oublie plusieurs personnes. Mais la solidarité exceptionnelle vécue au cours de ce conflit me permet de croire qu'à la prochaine négociation (dans deux ans seulement!), ils ne se seront plus oubliés.
Qu'on ait voté pour ou contre ces offres, je pense que le sentiment général est exprimé par Daniel Carrière, collègue journaliste à la télé: «On a-tu eu du fun? YEAH! On est-tu contents que ce soit fini? YEAH!»


Koceila a pris le micro au show des Deadlock. Eric Plouffe a la batterie et Pierre-Marcel Veilleux a la basse en background
En soirée, un spectacle du tonnerre des Deadlock est venu mettre la tonne de briques sur le sundae. Dans la minuscule piste de danse du bar St-Laurent-2, des dizaines de «pour» et de «contre» ont dansé ensemble jusqu'à 2 heures du matin.

Une image pour conclure

Coucher de soleil sur Anjou

En rentrant à vélo du «Centre des congrès» Renaissance, hier, après le vote de retour au travail, un magnifique coucher de soleil embrasait le ciel.
Puis, en passant sous cette ligne à haute tension, on aurait dit que se formait l'image du sentiment de la majorité des cadenassés après 61 jours de trottoir forcé.

Les gens, selon les conversations à la sortie de l'assemblée, sont heureux que le soleil se couche enfin sur le lockout.
Cependant, il y a une blessure en eux qui mettra du temps à cicatriser, comme ces pylônes qui gâchent le paysage... mais qu'on peut toujours enfouir si on y met le temps et les moyens.

mercredi, mai 22, 2002

Un cadeau du troubadour du cadenas

pochette pour le CD de la 2e chanson de Bertrand Hall


Maintenant que le conflit est terminé, voici un cadeau de Bertrand Hall. D'abord, la pochette de la deuxième chanson du lockout, Le coeur cadenassé, qu'il a composée. Il vous encourage à télécharger la chanson et à la graver sur un CD sur le boîtier duquel pour pourrez insérer la pochette ci-dessus une fois imprimée, tout en entonnant les paroles, que voici.

    LE COEUR CADENASSÉ

    Assis sur le bord d'un trottoir
    la tête barbouillée d'idées noires
    on v`nait tout juste de m'baillonner
    que j'en avais l'coeur cadenassé

    Je ne savais plus très bien qui croire
    ni trop par où j'pouvais m'sauver
    je ne sentais plus venir l'été
    en fait, je n'savais plus
    ni voir ni regarder...

    Et tout à coup des gens parlaient
    rassemblés tout autour de moi
    j'les écoutait tout raconter
    ils ont fini par m'faire rêver....

    Leurs rages, leurs peines étaient les miennes
    depuis si longtemps étouffées
    leurs mots faits pour que je les comprenne
    j'ai décidé quoiqu'il advienne
    de me fâcher....

    Ne plus permettre que soit permis
    de laisser c'qu'on aime être trahi
    Ne plus jamais faire que se fasse
    le dégueulasse et puis l'oubli

    Il a fait beau, il a fait laid
    chaque fois c'était à r'commencer
    ma volonté, c'qui en restait
    risquait tout l'temps de se briser....

    Mais p'tit à ptit ce long trottoir
    s'est mis à ressembler à d'l'espoir
    ce n'était plus du macadam
    mais une tribu bien décidée
    à n'plus jamais s'laisser errer...

    Et puis tant pis pour le passé
    et même tant mieux pour le futur
    nous sommes nos propres créateurs
    les vrais seigneurs d'un monde meilleur...

    Même si la Terre reste la même
    malgré cette nature trop humaine
    plus rien ne sera jamais pareil
    tout est possible tout est permis
    quand on s'réveille!

    Ne plus permettre que soit permis
    de laisser c'qu'on aime être trahi
    Ne plus jamais faire que se fasse
    le dégueulasse et puis l'oubli

    Debout bien droit sur mon trottoir
    la tête remplie de mon avenir
    j'vais prendre mon temps pour bien revenir
    pour libérer enfin mon coeur
    décadenassé...

Bogue...

Des problèmes avec les services Blogger et Blog*Spot, normalement fiables, ont empêché la mise à jour de ce site à partir d'au moins 3h30 cette nuit...

Daniel Raunet répond à Yves Desjardins

Il y a, espérons-le, des cafés sympathiques dans l'arrondissement d'Anjou où Yves Desjardins et Daniel Raunet pourront compléter un dialogue qui demeure constructif. Voici la réponse de Daniel Raunet au texte d'Yves Desjardins publié plus bas.

    Yves Desjardins m'attribue beaucoup d'opinions dans son texte, un plaidoyer contre l’action politique. Je comprends que la comparaison Canada-Québec fasse mal, très mal aux patrons de Radio-Canada, mais je ne comprends pas qu’un membre de notre syndicat nous incite, au nom de l’intérêt collectif, à nous taire à ce sujet. Et pour ce faire, il me prend pour cible, caricature mes positions et tente de me faire passer pour un dangereux séparatiste. Ainsi, dans un des paragraphes qui me sont consacrés, Desjardins m’attribue la théorie suivante : «L’entreprise où nous travaillons serait en quelque sorte un microcosme des injustices qui prévaudraient dans la fédération canadienne.»

    Il y a des limites à la caricature. Quand certains, dont moi-même, parlent de différences entre le Canada anglais et le Québec à Radio-Canada, ce n'est pas pour dire que le Canada est méchant et que le Québec est un pauvre petit martyr. Ce débat idiot n'a pas sa place dans un syndicat. Ce dont il s’agit, ce sont des faits patents, reconnus par l'employeur lui-même dans son rapport annuel sur l'équité en matière d'emploi : il y a un taux de permanence inférieur au Québec, des niveaux salariaux inférieurs et une discrimination homme-femme plus grande. L’explication, s’il en faut une, se situe à mon avis dans le fait que nous sommes une petite organisation dans une petite partie du Canada et que si nous étions le syndicat des communications de Terre-Neuve ou de Colombie-britannique, nous souffririons de la même discrimination. Pourquoi? Parce que le pouvoir de la CBC est à Toronto et que quand vient de temps de négocier la convention du petit syndicat, nos patrons nous passent au rouleau compresseur pour ne pas faire de précédent pour le plus gros. Et quand la CBC négocie la convention du plus gros, la Guilde fait partie du club, on s’occupe mieux d’elle, et on oublie à nouveau le petit syndicat. Et d’année en année, ça donc ce que nous savons, un écart qui va croissant, au niveau salarial entre autres. Pour terminer sur l’accusation de séparatisme de Desjardins : la discrimination, ça se corrige, et si Rabinovitch décidait de la corriger, ses problèmes politiques avec les parlementaires d’Ottawa cesseraient.

    Un autre point : Desjardins prétend que la demande de parité avec la Guilde, en ce qui concerne la radio et la télé générales, est basée sur de fausses données. Signalons d’abord qu’il n’y a pas lieu de personnaliser le débat et de faire de moi un épouvantail à moineaux : la permanence au général, ce n’est pas un caprice de Daniel Raunet, c’est une demande de l'assemblée générale de la semaine dernière, adoptée démocratiquement, un sujet sur lequel je n’ai pas entendu Yves Desjardins s’exprimer. Et cette demande n’est pas basée sur des chimères, mais sur des faits. Que voici.

    Je joins ici une liste de contractuels de notre unité qui seraient permanents depuis longtemps s'ils avaient été couverts par le régime offert à la Guilde (j'ai pris la peine de consulter la convention de la Guilde et de soumettre la liste à un permanent de ce syndicat pour vérification). Je n'ai gardé que les gens à plein temps, ayant plus de 3 ans d'ancienneté. Voici donc qui aurait eu le choix de devenir permanent, mais ne l'a pas, parce qu'il y a discrimination entre le Canada et le Québec en matière de statut d'emploi :

      Allaire Édith recherchiste Montréal
      Bazzo M-France animatrice Montréal
      Beauchamp Claude animateur Montréal
      Bernier Carl animateur Saguenay
      Berrardelli Claude recherchiste Montréal
      Bertrand Jacques animateur Montréal
      Bisaillon Martin recherchiste Montréal
      Blouin Jocelyne météorologue Montréal
      Bourassa Josée animatrice Saguenay
      Bourgault Hélène recherchiste Montréal
      Bourque William météorologue Moncton
      Bourque Carmen recherchiste Montréal
      Brouillard M-André comment.interv Montréal
      Cantin Hélène comment.interv Matane
      Crevier Alain animateur Québec
      D'Aoust Guy animateur Montréal
      Desautels Michel animateur Montréal
      Desjardins Claudette recherchiste Montréal
      Desjardins Nancy interviewer Montréal
      Desjardins Anne comment.interv Montréal
      Desoer Frank animateur Montréal
      Doré J-François animateur Montréal
      Dufour M-Claude recherchiste Montréal
      Fortin Richard recherchiste Montréal
      Foucart Danielle comment.interv Montréal
      Gagnon Catherine recherchiste Montréal
      Godbout Laurent recherchiste Montréal
      Harvey Michel comment.interv Montréal
      Kilfoil Katherine animatrice Moncton
      Lafrance Réjean recherchiste Montréal
      Languirand Jacques animateur Montréal
      Laurendeau Marc comment.interv Montréal
      Laurendeau Johanne animatrice Montréal
      Lépine J-François animateur Montréal
      Letarte Valérie comment.interv Montréal
      Lord Denise interviewer Montréal
      Maisonneuve Pierre animateur Montréal
      McNicoll Julie comment.interv Rouyn
      Moreau Francine animatrice Montréal
      Morin Bernard animateur Rouyn
      Okeke Shari commentateur Montréal
      Payette Dominique animatrice Montréal
      Pothier René animateur Montréal
      Raymond André recherchiste Montréal
      Raymond Hélène animatrice Québec
      Riendeau Jean comment. Sport Montréal
      Rouzier Martine météorologue Montréal
      Saint-Cyr Carole comment.interv Moncton
      Sonier Donald documentaliste Moncton
      Therrien Paule comment.interv Saguenay
      Trahan Carole animatrice Montréal
      Yacouvakis Pascal météorologue Montréal.

    [signé] Daniel Raunet.

    P.S.Je m'excuse s'il y a quelques personnes qui occupent un poste contractuel dans cette liste tout en ayant un poste permanent ailleurs, c'est la seule source d'erreur à laquelle je puisse songer dans cette énumération.

mardi, mai 21, 2002

À la chasse au comité de négos

D'ordinaire facile à contacter, le chef négociateur du SCRC, Ubald Bernard, a été impossible à rejoindre aujourd'hui (le mardi 21 mai). Son téléphone ne répondant plus, la seule solution pour en avoir le coeur net restait d'aller à sa recherche en ville.

Boguslaw Podorski. Quand on vous dit que le comité de négociation est transparent!


Premier arrêt, le siège de la CSN, rue De Lorimier. C'est là que se donnaient rendez-vous les membres du comité de négociation les jours où il n'y avait pas de négos et à partir d'où, semble-t-il, bon nombre des démarches des derniers jours ont été entreprises. Les portes sont verrouillées. Pendant que le veilleur de nuit vient péniblement les ouvrir, Boguslaw Podorski apparaît dans le lobby. Il est minuit pile. Il dit qu'il est le dernier sorti.
En attendant son taxi sur le trottoir, il s'excuse d'entrée de jeu de ne pouvoir donner quelque détail que ce soit: «Il y a des choses qui se passent en ce moment, des choses intéressantes», sans en dire davantage.
S'agit-il de «choses» de nature à plaire aux membres à l'assemblée de demain? «Je ne sais pas», répond-il.
Allez-vous tolérer que Radio-Canada vous dérange pendant l'assemblée comme cela s'est produit la semaine dernière? «On ne sait jamais», rétorque-t-il. Et voilà le taxi qui arrive.

Daniel Thomas, camério surnu, précaire, patrouilleur de nuit


Au même moment, tout près, un véhicule de Radio-Canada prend position dans le stationnement de la station service Esso où travaille Louis Lemieux. C'est Daniel Thomas, patrouilleur de nuit, qui prend position en écoutant ses innombrables balayeurs d'ondes. Daniel (qui salue Alexandre Dumas, en passant: «Tu lui diras que je m'ennuie de lui!») raconte que l'assemblée générale de mercredi dernier a eu un effet dévastateur à l'intérieur de la grande tour tout autant qu'à l'extérieur: «Tout le monde est ben découragé, dit-il. Depuis jeudi passé, il n'y a même plus personne sur le shift de nuit.»

Personne au local du syndicat


Prochaine station: le local du syndicat des communications de Radio-Canada, angle Ahmerst et René-Lévesque. Des lumières sont allumées au premier étage, où se trouvent les locaux du syndicat. Mais toutes les entrées sont verrouillées. À l'entrée principale, une pelure de banane voisine les mégots dans le cendrier. Après avoir épié les fenêtres quelques minutes, l'immeuble paraît désert.

François Morin discutant avec Jean Grenier et Michel Sénécal ne discutant avec personne


Et s'ils étaient déjà au complexe Guy-Favreau chez le médiateur?
À minuit et demie, bingo! C'est là qu'ils se cachent!
Mario Évangéliste (du service juridique de la CSN) est dans l'entrée du Service de médiation et conciliation. Dans le bureau du médiateur Jacques Lessard se trouvent François Morin (responsable de la mobilisation à la CSN), Michel Sénécal (responsable du comité de mobilisation au SCRC, le seul depuis la démission de Daniel Raunet), Alex Levasseur (membre du comité de négos et journaliste télé à Sept-Îles dans une autre vie) et Sylvio Côté (conseiller syndical et responsable de la mobilisation pour la région de Montréal à la CSN).
François Morin explique sa présence en disant que «normalement, un protocole de retour au travail se négocie toujours avec les gens de la mob».

Le médiateur Jacques Lessard tentant de se cacher


Le médiateur, qui s'attendait plutôt à voir arriver des représentants de la partie patronale, ne veut pas se faire photographier dans cet état, c'est-à-dire l'état de ceux qui ont manifestement travaillé de très longues heures. Il fuit l'appareil photo, mais voici néanmoins le cliché qui prouve que les fonctionnaires fédéraux font aussi du 9 à 5 de nuit (du 21 à 5 en fait...).
Par ailleurs, le président du Conseil de presse, Michel Roy, qui a publiquement offert son aide à la médiation au cours d'une conférence de presse, aujourd'hui, n'était pas là. Merci, M. Roy (pas de lien de parenté). Les professionnels s'en occupent.

Me Mario Évangéliste


En attendant les représentants patronaux, dans une pièce située entre le bureau de Jacques Lessard et le local de négociation, l'avocat de la CSN, Mario Évangéliste, met une dernière main à une proposition syndicale de protocole de retour au travail.

Préposée à l'entretien et sosie hybride de Claude Meunier et de Gilles Duceppe


Puis, s'installe l'attente.
Une discussion avec Michel Sénécal ne permet pas d'en apprendre plus sur le contenu de ce qui s'apprête à être discuté.
Je lui demande de me raconter sa journée: «Si je te raconte ma journée, tu vas comprendre ce qui se passe.»
Radio-Canada a-t-elle demandé au SCRC de faire un compromis pour faire une ultime concession? «Je ne peux rien te dire», répond Michel à chaque question spécifique. «Je peux te dire une chose, par exemple, ce n'est pas pour rien qu'on est ici.»

Arrivée de Jean Grenier, Michel Couturier et Pierre Cyr


Après une heure d'attente, le conseiller à la négo de la CSN, Jean Grenier, arrive avec Michel Couturier (président du SCRC) et Pierre Cyr, membre du comité de négos. Ce sont les ombres floues que l'on distingue derrière Michel Sénécal. Il est 1h27 du matin et c'est encore loin d'être terminé.

Jean Grenier donnant un petit briefing à Mario Évangéliste


Tout de suite, Jean Grenier «briefe» Mario Évangéliste sur le contenu de ce qui s'apprête à être discuté. Je n'attrappe que la dernière phrase: «Sur cette base-là, ils devraient s'en venir dans trois minutes», dit-il en parlant de représentants patronaux qui se font toujours attendre. À peu près au même moment, le téléphone sonne. Le médiateur Jacques Lessard décroche, fait quelques «OK», raccroche et dit: «Ils arrivent.»

Et les attendant encore, je demande à Michel Sénécal où se trouve Ubald Bernard: «Ubald, je pense qu'il est allé se coucher. Il a travaillé très fort aujourd'hui.»
Pierre Cyr, du comité de négos et assistant à la production à l'émission Virginie, donne un peu plus de détails sur le comment de ce dernier droit de négociations: «Depuis l'assemblée de mercredi passé qu'on les lâche pas. On a avisé Jacques Lessard dès le résultat du vote, à 22h30 à peu près. Il s'est mis en mode "attente" à ce moment-là. Et dès le lendemain, on l'a avisé qu'on voulait relancer Radio-Canada.» Il s'est ensuivi un blitzkrieg d'appels téléphoniques. Mais «l'ouverture s'est faite aujourd'hui», indique Pierre Cyr. Aujourd'hui seulement.

Michel Hamelin, du service des Ressources humaines de Radio-Canada


À 1h51, trois hommes se présentent aux portes verrouillées du Complexe Guy-Favreau. Aucun gardien de sécurité n'étant dans les parages, je leur ouvre. Michel Hamelin, directeur du développement organisationnel des réseaux français et service conseil télévision pour les Ressources humaines, se présente accompagné de deux hommes qui ont refusé de dire comment ils s'appelaient.
M. Hamelin est cordial, souriant et ne voit pas d'objection à se faire photographier.
Quelques instants plus tard, le médiateur Jacques Lessard l'accueille et tout ce beau monde s'enferme dans les bureaux du Service de fédéral de médiation et de conciliation.

En maintenant la tenue de son assemblée, demain, le SCRC a, pour la première fois peut-être au cours de ce conflit, pris le contrôle du jeu et envoyé la balle dans le camp de la Société. Le SCRC a en quelque sorte dit à la direction de Radio-Canada: «On la tient quand même, cette assemblée. Si vous voulez vraiment que ce conflit se règle, faites un geste significatif. Améliorez encore vos offres et je vous garantis qu'elles seront acceptées cette fois.»
Reste à voir si les gestes de cette nuit auront été significatifs.
Les détails seront dévoilés d'abord aux délégués au cours d'un conseil syndical devant avoir lieu à 9h30, puis aux membres quelque temps avant l'assemblée générale de 13h.

Toujours pas de nouvelles du comité de négos...

Reçu une courte note de Line Pagé, Micheline Fortin et Françoise Stanton vers 20h30 ce soir. On explique que le conseil syndical se tient en soirée à huis-clos, «conseil [qui] se continuera demain matin à 9h30... pour arriver très préparé à l'assemblée générale qui se tient toujours à 13 h. au Centre des Congrès Renaissance 7550, boul. Henri Bourassa est».

On ajoute qu'«il faut demeurer confiant le comité de négos est à l'oeuvre».

Il faudra leur réserver une autre ovation debout, tout comme à notre président d'assemblée Yvon Laporte. Soumis à un feu constant, ils sont tous restés d'un aplomb impressionnant.

Deux points de vue en prévision de l'assemblée de demain

The Itchy and Scratchy Show


Si vous connaissez Les Simpsons, vous aurez reconnu Itchy et Scratchy. J'ai l'impression que les divisions chez les syndiqués ont atteint des proportions de dessin animé, en ce sens que si on se tape dessus, on ne se fait pas vraiment mal et on sait qu'on ne sera pas mauvais amis pour autant.
C'est dans cet esprit que sont publiés ce soir, à la veille d'une autre assemblée générale, deux textes défendant des points de vue opposés, mais tous deux éclairants chacun à leur façon. Je les publie dans l'ordre dans lequel je les ai reçus.






    Texte d'Yves Desjardins, reçu à 10h24 ce matin.
    Titre: Contribution d'un ancien cadre (fait référence aux vaines tentatives d'obtenir des témoignages de cadres sur ce site)


    Je ne me suis pas manifesté sur les forums de discussion depuis l’extrait que Jean-Hugues Roy avait bien voulu publier sur son «Blogue-out» au tout début du conflit. Et si j’ai parfois suivi les débats sur «Yahoo groups», je trouvais que la place accordée à la dissidence interne y était plutôt mince. Il me semblait que pour qu’un point de vue un tant soi peu différent y soit recevable, il fallait, comme préalable obligé, professer que les patrons étaient des êtres méprisants et/ou méprisables ou encore reprendre le couplet de l’humiliation dont nous serions collectivement victimes (1).

    C’est que je suis de ceux qui n’étaient pas favorables au conflit. Je croyais qu’un tel affrontement ne pouvait qu’affaiblir un diffuseur public déjà aux abois sur bien des fronts. Et je reconnais m’être trompé sur l’ampleur des concessions que le syndicat obtiendrait. Comme bien d’autres, j’avais sous-estimé l’impact émotif que le lock-out provoquerait chez nombre d’entre nous qui étaient, au départ, sceptiques.

    Il reste que plusieurs militants du syndicat savaient pertinemment, lorsqu’ils ont déclenché la grève de 24 heures, ce que serait la réaction patronale. Et ils ne cachaient pas qu’ils misaient là-dessus pour convaincre les hésitants, c’est-à-dire tous ceux et celles qui n’étaient pas prêts à accorder un mandat de grève générale illimitée. Radio-Canada, en mettant ses artisans sur le trottoir, a provoqué une colère qui aura en partie masqué le fait qu’un conflit dur était inévitable à partir du moment où une majorité de membres réclamait des gains allant bien au-delà de l’offre dite «finale» de mars. La direction syndicale a simplement eu un sens tactique supérieur à celui des patrons.

    Quoi qu’il en soit, l’assemblée qui a suivi le déclenchement du lock-out a été parfaitement démocratique, et une forte majorité s’est prononcée clairement en toute connaissance de cause. C’est pourquoi, tout en affichant ma dissidence, je me suis rallié en participant, notamment, au comité des chèques. Mais, maintenant, nous sommes confrontés à une seule question: pouvons-nous vraiment aller plus loin? [NDLR: l'emphase est mienne]

    Peut-être bien que Radio-Canada et/ou notre comité de négociations feront un miracle d’ici l’assemblée de demain. Je le souhaite, mais je n’en sais rien. Et il reste que mercredi, c’est à l’assemblée générale seule qu’il appartiendra de décider.

    Daniel Raunet propose, lui, une solution qui a au moins le mérite de la cohérence. Refaisons notre unité et, de nouveau solidaires, portons le conflit sur la scène politique, soit celui de la discrimination qui existerait entre les employés francophones et anglophones de Radio-Canada. L’entreprise où nous travaillons serait en quelque sorte un microcosme des injustices qui prévaudraient dans la fédération canadienne.

    Mais est-ce si évident? Le problème, c’est que les deux réseaux ont évolué de façon fort différente au fil des années. Un exemple: j’ai souvent entendu dire que les assistantes du réseau anglais ont des salaires bien supérieurs. Mais ce qu’on ne dit pas, c’est que le terme «assistante» chez nous regroupe des catégories distinctes à la Guilde, comme «associate director» et «program assistant» aux salaires fort différents. C’est d’ailleurs pour ça qu’un processus de révision des monographies d’emploi a été entrepris, processus qui ne pourra être complété qu’après la conclusion d’une entente.

    Un deuxième exemple, celui des permanences. Car si on entre dans le jeu des comparaisons, alors il faut aussi comparer les pourcentages de production interne des deux réseaux. CBC a fait à cet égard des choix qui ne sont pas nécessairement ceux qui valent pour le réseau français. Et si on continue à ce niveau, on doit aussi soulever le débat sur la part toujours croissante des budgets de production télé qui sont maintenant dévolus au producteurs privés.

    Il me semble que si Daniel Raunet va au bout de sa logique, il doit alors porter le débat un cran plus haut, soit celui de la répartition des budgets entre les deux réseaux. On peut soutenir que comme CBC et SRC ont tous deux le même mandat, le parlement devrait leur accorder des budgets égaux. Des collègues du réseau anglais répondraient, comme cela a déjà été fait, qu’au contraire le budget du réseau français devrait plutôt correspondre au pourcentage de la population francophone au pays. La répartition actuelle est finalement un compromis entre ces deux visions. (Pour donner l’exemple de la télé, la répartition est la suivante: TV française 284,9 millions de dollars, TV anglaise 494,9 millions de dollars.) [NDLR: 36,5% au réseau français, 63,5% au réseau anglais]

    Mais je ne sais pas si on se rend compte que, quand on est rendu-là, nos interlocuteurs ce ne sont plus les négociateurs patronaux à la table, ni même Robert Rabinovitch. Ceux avec qui il faut alors vraiment négocier ce sont les politiciens fédéraux, le gouvernement Chrétien et ceux qui l’ont précédé, car ce sont eux qui ont défini les règles avec lesquelles nos cadres doivent composer.

    C’est d’autant plus vrai que ce sont ces mêmes politiciens qui ont réduit année après année les budgets de la radio-télé publique, tout en ne restreignant en rien les mandats qui lui incombent. Non seulement les mandats n’ont pas diminué, mais de nouveaux secteurs ont été créés de toute pièce, comme les nouveaux médias. Pour y arriver, il est indéniable qu’une précarité plus grande de l’emploi s’est développée, mais s’il faut désigner des responsables, ça me semble être bien plus les politiciens fédéraux dont certains quémandent maintenant l’appui, que les cadres.

    Et c’est précisément là que je suis moins bien la logique de Daniel Raunet. Croit-il vraiment que ces politiciens appuient notre syndicat? Ou qu’ils ont donné l’ordre de régler aux patrons? J’y croirai lorsque ces mêmes politiciens augmenteront le budget de Radio-Canada pour payer les concessions obtenues et surtout toutes les nouvelles souhaitées par certains... En attendant, j’invite ceux d’entre vous qui veulent savoir à quoi s’en tenir quant au rôle, occulte ou non, de ces politiciens et à aller au-delà des déclarations publiques qui n’engagent à rien, à consulter nos collègues de la colline d’Ottawa. Tout le monde conviendra qu’ils ont d’excellentes sources.

    L’assemblée générale peut très bien décider de porter notre lutte au niveau politique. Mais je crois qu’elle doit le faire en pleine connaissance de cause.

    1. Radio-Canada est une organisation bureaucratique (au sens sociologique du mot) et dans une telle institution, fragmentée entre de nombreux paliers de direction, toute décision d'importance est le fruit de laborieux arbitrages. C’est pourquoi je me refuse à croire qu’on a, de l’autre côté, pris des décisions dans le but exprès d’«humilier» ou de «mépriser» des individus qui sont aussi des collègues. Il s’agit plutôt de décisions institutionnelles froides prises en termes de «marges de manoeuvre» ou de «rapports de force». Décisions qui peuvent être justes ou erronées. Ce qui n’enlève rien aux sentiments des individus qui sont victimes de ces décisions; je crois que bien des patrons conviendraient maintenant que celle du lock-out fut plutôt catastrophique. Ca ne nie pas non plus qu’il puisse y avoir des patrons «caractériels» dans leurs relations avec leurs subordonnés. Mais cela relève plus de la nature humaine, et des «caractériels» il y en a aussi dans les rangs des syndiqués. Ce que je déplore, c’est une certaine grammaire des conflits de travail où, pour mobiliser et solidariser, on se sent obligé de démoniser l’adversaire, qui perd ainsi son identité propre d’individu et devient l’«autre», l’«ennemi» qu’on se doit de détester. Lorsqu’on sombre dans cette logique, on se sent autorisé à qualifier les cadres, pour donner un exemple, de «salopards» et ceux-ci peuvent alors, à bon droit, se sentir eux-aussi humiliés et méprisés... Où s’arrête la spirale?







    Texte de Pierre Duchesne, reçu à 21h05 ce soir.
    Titre: Maurice Duplessis est pourtant bel et bien mort!


    Dès mon entrée dans cette institution, Radio-Canada m’a appris à bien faire mon travail et à rendre compte de l’information que je réussissais à cueillir de la façon la plus juste possible. J’ai été formé dans cette boîte d’information très tôt. Je suis entré à Radio-Canada à l’âge de 22 ans, comme stagiaire. Voilà quinze ans que j’y travaille. Je suis donc un pur produit «radio-canadien». Passionné par le journalisme, j’ai été le témoin de certaines irrégularités lors de la dernière assemblée générale. C’est donc à titre de professionnel de l’information que je souhaite partager avec les miens (les employés et les cadres de RC) les informations suivantes.

    J’estime que de telles informations vont aider mes collègues à prendre une décision éclairée et à mieux saisir la portée de la stratégie patronale qui ne vise qu’à nous diviser plutôt qu’à répondre à nos demandes.

    Mercredi dernier, lors de la dernière assemblée générale, un bal macabre orchestrée par la direction de Radio-Canada, a débuté. Dans l’espoir de piéger notre comité de négociation, la direction a modifié à la dernière minute la clause dite «présidentielle». Selon la version offerte en assemblée générale, la direction aurait fait chanter notre comité de négociation en lui disant : «Si vous voulez de cette nouvelle clause, dites à vos membres que tout le reste de la proposition patronale est parfaitement acceptable!» Notre comité de négociation a donc proposé, après plusieurs heures d’attentes et de délais, d’accepter cette offre globale tout en nous mentionnant que nous étions libres de la refuser. La direction venait de réussir à nous envoyer un double message qui déstabilisait aussitôt l’assemblée. Les plus hésitants allaient suivre l’avis de leur comité de négociation en qui ils ont confiance, pour les autres, plus déterminés, ils pouvaient choisir de refuser ou d’accepter. Sans mauvaise foi évidente, je l’espère, notre comité de négociation venait donc d’intégrer un facteur de division qui allait colorer le vote à venir.

    Alors que s’amorçait le débat dans la salle, notre comité de négociation nous annonçait ensuite que la direction de Radio-Canada refusait de négocier un protocole de retour au travail. Il fallait d’abord que les syndiqués acceptent les offres. Le grondement d’insatisfaction entendu dans la salle a alors fait craindre le pire pour la direction de Radio-Canada, informée d’heure en heure du déroulement de l’assemblée par des «antennes» bienveillantes.

    Pendant que nous étions des dizaines à nous exprimer aux micros des «pour» et des «contre», notre comité de négociation et tout l’exécutif syndical désertaient les lieux, laissant seul et à lui-même le président d’assemblée. Celui-ci fut à quelques reprises dans une position délicate. Il devait à la fois présider l’importante réunion et répondre à certaines questions qui étaient adressées à l’exécutif syndical. Le président devait alors faire preuve d’une grande habileté pour ne pas errer.

    Alors qu’il était encore possible que l’assemblée rejette la proposition de la direction, notre comité de négociation, qui avait proposé d’accepter les offres, tentait de négocier au téléphone et dans les couloirs, un protocole de retour au travail avec Radio-Canada. Sûrement satisfaite de voir ainsi un comité de négociation prier la direction de faire une autre proposition de dernière minute, Radio-Canada a encore fait preuve d’arrogance, ne bougeant pas.

    Les heures passent. En soirée, l’assemblée semble avoir fait son lit. La question préalable est demandée. Les syndiqués se déclarent prêts à voter par une nette majorité des deux tiers des membres. Un président d’élection est élu. Les équipes de scrutateurs sont formées. À l’arrière de la salle, on tire les rideaux. On voit les boîtes de scrutin. La foule se lève et se dirige vers le fond de la salle. Les gens s’éloignent et tournent le dos à la scène, pourtant une nouvelle intrigue se prépare.

    Gilles Gougeon réclamant qu'Ubald Bernard lise à l'assemblée le contenu de la lettre


    Quelques personnes favorables à l’entente patronale connaissent de façon inédite le contenu d’une toute nouvelle lettre de la direction de Radio-Canada. [NDLR: je prend la liberté d'ajouter la photo ci-haut au texte de Pierre pour illustrer son propos.] On peut lire dans cette lettre [NDLR: publiée par Radio-Canada sur son site consacré à l'actuel conflit] que lorsque les syndiqués auront voté en faveur de la proposition patronale, «les employés réguliers de la Société seront réinstallés sur la paie à compter de minuit ce soir. Demain matin à 10h00, les parties se rencontreront pour négocier les détails du protocole de retour au travail.» Encore une fois, il est raisonnable de penser que de faire connaître le contenu de cette lettre peut influencer le vote en faveur des offres. Dès minuit, Radio-Canada est prêt à nous «payer»! Ces mêmes personnes, bien informées, tentent donc de convaincre le président d’assemblée de lire le contenu de cette lettre et ce, au grand mépris d’une assemblée générale souveraine qui avait décidé de se prononcer. En effet, la question au préalable a été posée, l’auditoire a décidé de voter au deux tiers, les gens se dirigent vers les isoloirs. Selon le code de procédure de la CSN, il est interdit de chercher à influencer le vote alors que les gens ont décidé de se prononcer. Malgré tout, le président d’assemblée fait part à l’auditoire de l'existence de cette lettre. Voilà une irrégularité de premier ordre.

    Difficile d’évaluer avec précision l’effet que cette irrégularité aura eue sur le vote. Il est vraisemblable de croire que l’ensemble des manœuvres mises en place par la direction de Radio-Canada dans les dernières vingt-quatre heures précédant le vote, auront très sensiblement conditionné ce vote dramatique :

    Pour : 499 Contre : 502

    La direction de Radio-Canada semble continuer de penser que le premier ministre du Québec se nomme encore Maurice Duplessis et que, comme dans les années quarante et cinquante, des manœuvres douteuses peuvent être mises en place pour déstabiliser ses employés. Cette dernière offre, dont certains points essentiels n’ont pas été négociés, semble provenir d’une autre époque. Elle inscrit une nouvelle structure dans les murs de Radio-Canada - deux classes d’employés : les gens de l’information (pour la plupart permanentisés) et les autres, la radio générale, la télévision générale, la culture en général, RCI, le service nordique... abandonnés à la précarité. Il y a deux classes de citoyens dans une même compagnie : des francophones, moins bien payés et plus précaires et des anglophones du reste du Canada mieux traités. Comme toute ségrégation, celle-ci est basée sur l’arbitraire. Radio-Canada – CBC, deux réalités?!

    Maurice Duplessis aimait dire avec grand plaisir qu’il faisait manger les évêques dans sa main. Dans les prochaines heures, je vous en prie, comportons-nous de façon à pouvoir soutenir que jamais, la direction de Radio-Canada, n’a réussi à nous faire manger dans le fond de sa main...

    ...ou à notre offrir le spaghetti à la cafétéria de Radio-Canada.

    Que le meilleur gagne !

    Pierre Duchesne, journaliste, émission Zone libre – zone cadenassée

Texte d'opinion de Michel Lacombe

Michel Lacombe, animateur et journaliste à la première chaîne radio, publiera demain matin dans Le Devoir la lettre ci-dessous. Courte, elle va droit au but et pose la question suivante, une question qui s'adresse manifestement (c'est mon interprétation, ici) à la direction de la Société:

Veut-on reprendre les activités normales à Radio-Canada?


    Cessons de faire de la stratégie et de lancer des ultimatum pour avoir raison. Il est clair pour tout le monde d’un côté comme de l’autre que nous sommes au bord d’un règlement immédiat ou d’une rupture qui prolongera ce conflit pour... longtemps.

    Plusieurs approches ont été faites et des hypothèses de rapprochement existent et sont connues de ceux qui peuvent changer le cours des choses. Le conflit bute sur le traitement des employés précaires du secteur culturel. Si quelque chose de sérieux est proposé là-dessus par Radio-Canada le conflit se règle. Il y a des propositions sérieuses qui sont véhiculées à ce sujet. Je ne veux pas suggérer de contenu de peur de nuire... mais suffisamment de personnes sont au courant pour que ça se fasse.

    Il est clair que les syndiqués en assemblée générale ne se prononceront pas à nouveau sur une offre déjà rejetée. Une nouvelle offre est à portée de main. Qu’elle soit formulée à l’endroit ou il le faut pour qu’elle soit officielle et non équivoque.

    Sinon nous comprendrons tous que l’intérêt de toutes les personnes de bonne volonté des deux côtés de la cloture a été oublié.

    Michel Lacombe, journaliste et animateur.

lundi, mai 20, 2002

Pas de congé pour le comité de négo

Ubald Bernard, chef négociateur syndical, confirme que «on a tenté de diverses façons d'entrer en contact avec Radio-Canada», des tentatives qui se poursuivaient encore à 20h ce soir, mais sur lesquelles il préfère ne rien dire pour ne pas les faire échouer. «Il y a des moments où le silence est d'or», dit-il.

Il reste 40 heures avant l'assemblée générale du 22 mai, 40 heures où tout semble encore possible.

Finalement, il y aura assemblée mercredi

Michel Couturier, président du SCRC, confirme ce soir qu'il a changé d'idée au cours de l'après-midi et qu'une assemblée générale extraordinaire aura finalement lieu le mercredi 22 mai prochain. Voici la convocation officielle et voici les coordonnées:


Centre de congrès Renaissance (aussi connu sous le nom de «Buffet Renaissance»)
7550 Henri-Bourassa Est,
arrondissement d'Anjou (près de l'autoroute 25)
514/352-1818
L'assemblée débute à 13h.


Michel Couturier a donné deux raisons pour ce changement de décision. D'abord, dit-il, «trouver une salle à Montréal dans les prochains jours s'avérait une tâche impossible». Au fur et à mesure qu'on s'approche du Grand Prix (7 au 9 juin), non seulement les salles sont rares, mais les chambres d'hôtel également. Il faut penser aux membres qui ne sont pas de la métropole.
L'autre raison: «Il y a aussi que les gens disaient que le 72 heures de chance à la négo, que tu le calcules n'importe comment, il finit mardi soir.» Michel Couturier dit qu'il «comprenait autrement» ce 72 heures et croyait que l'assemblée générale avait demandé que de véritables négos aient eu lieu pour que soit tenue une assemblée générale. Mais plusieurs membres auraient plutôt compris qu'il s'agissait d'une période de 72 heures durant laquelle on donnait «une chance à la négo» et que, en tenant compte des jours fériés, cette période de 72 heures sera achevée mardi soir. «C'est un argument qu'on m'a fait valoir aujourd'hui», dit-il.

Par ailleurs, a confié Michel Couturier, des communications ont eu lieu entre le comité de négos et le médiateur fédéral Jacques Lessard aujourd'hui. «D'autres avenues de prise de contact ont été explorées, a-t-il dit, des avenues extraordinaires qui vont se concrétiser dans les prochaines heures», mais des avenues qu'il n'a pu préciser...

Pas d'assemblée générale mercredi...

L'assemblée générale prévue pour le mercredi 22 mai prochain a été annulée. «Radio-Canada n'est toujours pas à la table, vient d'expliquer Michel Couturier rejoint au téléphone. On s'était dit qu'il fallait négocier 72 heures avant de tenir une nouvelle assemblée.» Le président du SCRC indique que les membres de Moncton, en particulier, n'étaient pas intéressés de faire un autre aller-retour dans la métropole s'il n'y avait rien de nouveau sur la table: «Ça leur coûte cher venir à Montréal».

De son côté, Ubald Bernard, vp du syndicat et leader du comité de négociation syndical, rejoint hier soir confirme que toutes les tentatives de communication avec Radio-Canada à travers le médiateur fédéral Jacques Lessard ont été vaines. Aujourd'hui, congé de la fête de Dollard, de nouvelles tentatives seront faites, dit-il.

Dans un communiqué émis le 16 mai, Radio-Canada disait que ses dernières offres ultimes étaient valides jusqu'au vendredi 24 mai. Mais quand Michel Couturier en parle, on devine qu'il croit qu'il s'agit d'un nouveau bluff. Ce n'est pas la première fois que Radio-Canada donne des ultimatums bidon. C'était arrivé en mars, avant que n'éclate le conflit, rappelle-t-il, «et pourtant, le comité de négo n'est pas parti de zéro».

Rappelons qu'à l'assemblée du 15 mai dernier, en plus du rejet des offres patronales par trois voix, deux mandats ont été entérinés. D'abord, les moyens de pression votés le 16 mars, pouvant aller jusqu'à des débrayages de 24 heures, a été renouvelé par 433 voix (95%) contre 23 et 4 abstentions. Par ailleurs, à main levée, le mandat de traiter de la question des contractuels de la télévision et de la radio générales a été confié au comité de négociation. Selon Michel Couturier, il ne s'agit pas d'une nouvelle demande syndicale puisque la demande d'origine était de permanentiser tous les contractuels ayant plus de deux ans de service à Radio-Canada, peu importe leur secteur d'emploi.

dimanche, mai 19, 2002

Courriel ouvert à nos patrons

Je ne sais pas à quoi il carbure (à l'indignation, sans doute, un peu comme nous tous), mais Bertrand Hall n'a pas arrêté d'avoir des idées. Voici sa dernière, un appel aux patrons et cadres dont certains, nous dit-on privément, désapprouvent de la stratégie patronale, mais ne peuvent pas le dire publiquement. Et s'ils osaient?

    Mesdames, messieurs, cadres de tout niveau,

    Nous avons tous appris que vous vous êtes réunis jeudi dernier pour évaluer la situation créée par notre rejet des offres patronales la veille.

    Nous avons eu vent d'interventions à cette table, de certains d'entre vous, réclamant de la part de la haute direction qu'elle prenne des mesures pour sortir de cette impasse, vous permettant par le fait même de préparer la nécessaire et délicate «réconciliation» qui devra bien tôt ou tard avoir lieu.

    Sans savoir si vous avez été ou non entendus, permettez-moi ici de vous faire une suggestion. Laissez tomber les recommandations coûteuses des grandes firmes dites de «communication» et posez un geste simple, clair et précis.

    Mardi matin, refusez de faire les «scadres». Cessez de produire vos bulletins radio et télévisions d'information. Dites à vos supérieurs que vous ne croyez plus que ce soit là une solution pour résoudre le conflit actuel.

    Et même, (permettez moi de rêver) sortez nous rejoindre dehors sur le trottoir mardi midi, de façon à dire clairement que selon vous tout ceci n'a que trop duré.

    Ce geste éloquent ne saurait qu'ébranler les quelques faucons qui nous empêchent (vous comme nous) de mettre fin à cette déplorable situation, sans compter que le capital de rancoeur qui malheureusement ne cesse de grandir à votre égard, sans toujours le meilleur des discernements, serait également considérablement réduit.

    Ce geste sans précédent constituerait sans aucun doute un moment qui passerait à l'Histoire. Et qui démontrerait à toute la population que vous avez également l'avenir de notre Société Radio-Canada à coeur.

    Bertrand Hall
    Journaliste cadenassé

Givré

Mini-Wheats givrées à la cassonade

Pardon si je n'ai rien mis à jour sur ce site depuis 72 heures. J'ai pris, sans le prévoir, sans le vouloir, un peu de repos. C'est la première fois que ça m'arrive. Incapable de me lever le matin. Incapable de me coucher le soir. Incapable de trouver le goût de faire quoi que ce soit. Plusieurs collègues ressentent certainement la même chose. Si c'est votre cas, parlez-en, ça facilite le redémarrage.