samedi, avril 27, 2002

Jean Charest aussi!

Philippe Schnobb rapporte ces photos de Québec où Jean Charest a lui aussi signé ce matin la pétition réclamant la fin du lockout à l'occasion des assises annuelles de l'Union des municipalités du Québec. Pénélope Garon, l'une des membres du «Commando Québec» qui a présenté la pétition au chef du PLQ, indique que ce dernier aurait dit en signant: «Oui, je m'ennuie de Radio-Canada...», en ajoutant aussitôt: «Je n'aurais jamais pensé dire ça!»
Je n'aurais jamais pensé qu'il signerait! Ne manque plus que Mario Dumont... Et Jean Chrétien! D'autant plus qu'aujourd'hui, même le sénateur Serge Joyal a signé!
Jean Charest aux assises annuelles de l'UMQ

Le signataire de la photo ci-dessous est Bernard Gagnon, président de l'Union des municipalités (aussi maire de Saint-Basile-le-Grand).
Le prez de l'UMQ exigeant lui aussi la fin du lockout

Les réflexions du trottoir

Voici un texte de Danielle Foucart qui est un rafraîchissant rappel que, malgré la déprime qui s'installe chez de nombreux cadenassés, ce conflit peut aussi avoir des effets secondaires désirables.
    J'écris ces lignes quelques heures après avoir participé à la chaîne humaine. Je me souviens à peine des personnes à qui je donnais la main. En fait, pendant la minute de silence, je me suis sentie liée à tous! Il y a deux mois, j'aurais taxé cette initiative de "sympathique, go-gauche et idéaliste". Et j'aurais été un peu gênée de donner la main à quelqu'un que je ne connais pas. Mais voilà que depuis un mois, j'expérimente un mot que j'associais à mes années d'études: la camaraderie. Tout prend un sens différent.

    Je suis fascinée par cette crise! Tous les jours, je vis de belles rencontres, je salue des gens que je connais à peine, je tutoie spontanément des collègues que je vouvoyais et je danse même en plein midi sur le boulevard René-Lévesque! J'en oublie presque les moments "plattes" où le temps est gris et froid et la pancarte lourde sur l'épaule.
    Ce lock-out me permet de vivre des valeurs autres que celles de la performance, du rendement et de la créativité efficace. La camaraderie en est une, avec ce que cela sous-tend de solidarité, d'entraide et de connivence. Nous ne sommes plus vraiment des collègues. Nous sommes devenus des camarades. Entre collègues, il y a la structure, d'abord ; l'entraide, ensuite.
    Le cadre a explosé. Tout ce que nous avons maintenant, c'est une cause. Il y a des jours où elle paraît désespérée. À ma grande surprise, je trouve une force dans cette désorganisation qui cherche à s'organiser. Cela ne me dérange pas autant que je le croyais au début du conflit. Je ne suis pas seule à la vivre. Et puis, il y a toujours quelqu'un pour m'encourager.
    Je suis fascinée par la façon avec laquelle nous nous sommes relevés les manches pour agir. Et ça continue. Grâce à ces liens, les initiatives abondent et se diversifient: la Radio libre, le comité d'entraide, ses gâteaux et sa vente de garage, le Caneton, les commandos, les signatures de pétitions dans les lieux achalandés et j'en passe. Par ailleurs, les compétences sont bien utilisées. The sky is not the limit. La limite est créée par les êtres humains et le temps et le talent dont ils disposent. C'est réconfortant.
    J'apprécie la légèreté associée à la camaraderie. La solidarité a une connotation solennelle ; l'entraide est une réponse à un besoin. La camaraderie naît de l'engagement librement consenti face à une cause commune. C'est moins exigeant que l'amour et l'amitié mais tout aussi authentique. Cette camaraderie m'aura permis de traverser cette crise en y trouvant un sens.
    La camaraderie n'est pas sectaire. Il n'y a pas de clivage entre ceux qui font partie des comités et ceux qui font leurs heures de piquetage. Il n'y a pas de jugement. Je suis fascinée par l'ouverture d'esprit qui se manifeste dans les échanges et les dialogues. Nous avons le temps de nous écouter.
    Cette camaraderie existait à une certaine époque, à Radio-Canada, si l'on se fie aux témoignages des plus anciens. Mais c'est devenu difficile d'établir des liens en situation de précarité et d'insécurité face à une programmation qui doit répondre de plus en plus aux lois du marché.

    Oui, ce lock-out est insécurisant. Oui, j'ai peur que ça dure longtemps. J'ai aussi peur qu'il y ait des répercussions pour ceux et celles qui ont utilisé leur droit d'expression. Si «la liberté n'est pas une marque de yogourt», la camaraderie ne se marchande pas. Elle donne le courage de rire de bon cœur, de s'engager librement et de créer des liens véritables. Ce lien ne durera sans doute que le temps du lock-out ou, du moins, prendra-t-il un autre visage lorsque nous retournerons au travail. Chose certaine, le souvenir demeurera impérissable. Dans quelques années, je pourrai dire que j'y étais en 2002 et que j'en étais fière.

Détenus en manque

Même à la prison de Bordeaux (dans l'arrondissement Ahuntsic/Cartierville, à Montréal) on s'ennuie de la programmation régulière de Radio-Canada. La plupart réclament surtout le retour des descriptions des matches de hockey.
Les «gars» ont fait circuler une pétition qui a recueilli 179 signatures! Et Mohamed Lotfi, créateur de l'émission Souverains anonymes (qui est aussi un cadenassé de par sa collaboration à Macadam Tribus), a demandé à quelques-uns des détenus de commenter le lockout. Il en a fait deux montages audio.
Le premier est un voxpop à la volée:
    «Michaëlle, Michaëlle, je m'ennuie de tes beaux yeux»
    «Dis-moi pas qu'on est condamnés à écouter TVA»
    «J'écoutais Bobino dans mon enfance [...]. À l'époque, RC était bâtisseur, aujourd'hui, RC est naze»
    «Si l'administateur est un incapable, foutez-le à la porte, mais redonnez-moi Radio-Canada!»
    «SRC, c'est assez!»

Sur le 2e fichier, un détenu appelé l'«avocat» met en demeure Robert «Bob» Rabinovitch de mettre un terme le lockout, sinon, il va intenter un recours collectif. «Ça ne demande qu'une dizaine ou une vingtaine de signatures», dit-il.
Il rappelle que comme les prisonniers de la Bastille ont déjà été le fer de lance de la révolution française, les détenus de Bordeaux sont fiers d'être parmi les premiers signataires de la pétition.

Écho des négos (addendum)

Oublié de préciser hier soir que les négociations vont reprendre dimanche en avant-midi.
Aujourd'hui, samedi, les membres des comités patronal et syndical n'étaient pas à la table.

vendredi, avril 26, 2002

Solidarité du monde

Bien des cadenassés évitent toute sortie culturelle pour économiser. Exit le cinéma, le théâtre, les shows (merde... les Chemical Brothers étaient en ville la semaine dernière!!!).

Et c'est la saison des festivals qui commence déjà.
Justement, le Festival des musiques et du monde offre l'entrée libre aux cadenassés de Radio-Canada à ses spectacles payants. Il n'en reste qu'un, intitulé La 49e nuit. C'est demain soir, samedi, à 20h à la Maison de la culture Frontenac. Il vous suffit de présenter votre carte d'employé de RC.

Écho des négos, 10e édition

Un filet d'impatience teinte la voix d'Ubald Bernard, ce soir.
Les négos se sont déroulées toute la journée jusqu'à 18h15 environ sans qu'aucun progrès ne soit noté: «Ils n'ont toujours pas de mandat, c'est de plus en plus clair», déplore Ubald. Il répète que ses vis-à-vis à la table ne sont pas à blâmer: «Au-dessus de leurs têtes, il y a des gens qui disent: "Non!"»
Il a également déboulonné un communiqué envoyé par la directrice des ressources humaines à 11h59 et qui racontait le déroulement des négos la veille, jeudi. Le communiqué commençait comme ceci: «Le comité patronal s'est présenté à 10 h, comme convenu. Le comité syndical s'est présenté à 10 h 45».
«Communiqué mensonger», rétorque Ubald Bernard. «C'est eux qui n'étaient pas prêts de nous voir. Hier, on était là à 9h30. Ils sont arrivés à 10h et n'ont pas été prêts à nous rencontrer avant 10h34. J'ai commencé à prendre l'habitude de noter les heures dans un carnet.»
Au fil des conversations avec Ubald Bernard, je sens que lentement, mais sûrement, les négociations sont en meltdown. Quand les deux parties notent les heures d'arrivée ou de non-arrivée de leurs vis-à-vis, c'est que la confiance s'évapore.
Le chef négociateur dit que le comité de négo syndical a de la patience à revendre. Les 1400 membres, eux, par contre, commencent à épuiser leurs réserves...

jeudi, avril 25, 2002

Le 1er bébé du lockout

Le premier bébé du lockout

Dans les bras d'Ania Kazi, recherchiste à l'émission 275-allô/Ados-radio, se trouve Elsa, née peu après minuit, le 22 avril.
Elsa devait voir le jour le 5 mai, mais elle a pris ses parents par surprise, ce qui explique sa relative légèreté: 5 lbs et demi.
Elle m'a surprise aussi puisque j'avais annoncé que le premier bébé du lockout serait celui de Kathleen Lyons et Christophe Guyon. Mais bon. Sa maman vit dans la précarité. Elsa a décidé de vivre dans la prématurité.
Elsa réfléchissant aux plus récentes propositions patronales... mais quelles propositions patronales?

En fait, précise Élaine Doyon (collègue d'Ania qui a pris les photos ci-dessus et à qui je dois un gros merci de 11 lbs 6 oz), Elsa n'est peut-être pas la première enfant du cadenas puisque Ania, sa mère, était en congé de maternité quand le conflit a été déclenché. Radio-Canada respecte ses obligations et lui verse un salaire, précise-t-elle.
Elsa est comme un premier bébé de l'année qui serait né alors que les douze coups de minuit sonnaient encore, le 31 décembre (ou le 1er janvier...). Faisons donc comme dans le Livre des records Guiness et créons deux catégories. Elsa est la première née d'une radio-canadienne pendant le lockout; et l'enfant de Kathleen et Christophe sera le premier bébé de parents cadenassés.
Quoi qu'il en soit, ces photos sont un remarquable antidote à la déprime qui assomme de nombreux employés en lockout cette semaine.

MM. Charest et Dumont, nous attendons vos signatures!

Une réussite qu'il faut souligner et qui a fait ma journée: Bernard Landry a signé la pétition réclamant le retour au travail des cadenassés de Radio-Canada! Bravo aux collègues de Québec!
Ça prendra quelle signature pour que la direction comprenne? Celle de Jean Charest? Celle de Mario Dumont (ça, je doute que ça leur fasse l'ombre d'un pli)?

Celle de Jean Chrétien? ll faudrait aller la chercher, celle-là.

Écho des négos IX

Business as usual entre les parties patronale et syndicale aujourd'hui.
Les négociations ont recommencé durant les heures normales de bureau, toujours au Complexe Guy-Favreau. Elles ont repris là où elles avaient été laissées, mardi, c'est-à-dire sur le point touchant les temporaires.
Ubald Bernard, à droite, discutant avec Wojtek Gwiazda en marge de l'assemblée d'info d'hier
Ubald Bernard, à droite, discutant avec Wojtek Gwiazda, de RCI, en marge de l'assemblée d'info d'hier

«On ne peut pas parler de progrès comme tel», indique Ubald Bernard, chef négociateur et vice-président du SCRC. Mais il est encore trop tôt pour voir si le rythme des négos s'est accéléré ou s'il a repris au même tempo (pianissimo) que depuis le début: «Demain, dit Ubald, ce sera plus clair.»
Les négociateurs patronaux ont-ils pris ombrage des assemblées d'information d'hier et de la manifestation pour les précaires d'aujourd'hui au centre-ville de Montréal?
«Pas du tout», rapporte Ubald. D'autant plus que la manif de ce midi était prévue de longue date.
Le climat à la table semble toujours stable. Pas de précipitations prévues, pour emprunter un calembour de Pascal Yiacouvakis.
Les pourparlers reprennent dès demain avant-midi.

mercredi, avril 24, 2002

Lettre d'amour à Marc Sévigny, porte-parole patronal en matière de relations publiques.

En réaction à l'analyse de Daniel Tremblay sur les raisons-d'être de la précarité, Pierre Shanks a eu envie de taper sur le même clou et de taper plus fort, avec humour. Il envoie, par l'intermédiaire de ce site, une déclaration d'amour au porte-parole de Radio-Canada, Marc Sévigny:
    Bonjour Marc!

    C’est moi, Pierre Shanks. Je suis un rédacteur/secrétaire de rédaction au service Internet des sports. Nous ne nous connaissons pas, mais je sens que nous nous aimons bien, vous et moi. Tiens, prenez la nuit dernière. J’ai rêvé à vous Marc. Nous étions assis l’un en face de l’autre à la table de négos et nous nous échangions sans arrêt de petits sourires complices.

    Je voulais vous dire, Marc, que j’ai lu l’autre jour dans
    Le Droit votre "mise au point" concernant l'éditorial de Michel Vastel l’autre samedi.
    Très intéressant. Vous écrivez si bien, Marc, que cela fait rougir les touches de mon clavier. Mais ce qu'il faut savoir, Marc, c'est que l’explication de la SRC concernant le nombre élevé de contractuels dans notre unité est de la poudre aux yeux. Totalement. Vrai que la SRC produit des émissions de télé générale, contrairement à la CBC. Mais voici le portrait.
    D’abord, que nous dites-vous mon cher Marc? Permettez-moi de vous citer :
      "La nature même des activités de la Société et son mode de financement rendent nécessaire la présence d'employés contractuels.
      Une partie du financement de la Société est temporaire ou sujet à des fluctuations liées à des projets dont la durée est limitée dans le temps, notamment du côté des fonds d'aide à la production.
      Par ailleurs, une partie du financement des programmes de la télévision générale est fondée sur la production de séries ou de documents dont le financement est temporaire ou sujet à des variations.
      Dans ces conditions, la Société doit conserver à son emploi un certain nombre de contractuels.
      L'emploi de contractuels dans toute activité de création, dont la production télévisuelle, est une pratique courante et bien établie. "

    Regardons cela de plus près,
    dear.
    Nous avons dans notre unité 291 contractuels à plus de 13 semaines. C'est là que se situe la demande syndicale de permanentisation. Contrairement à ce que vous avancez, Marc, le syndicat n'a jamais demandé la permanentisation d'absolument tous les contractuels, y compris les nombreux de MOINS de 13 semaines (chaque année, nous voyons passer quelque 2 050 employés dans nos rangs, mais 752 travaillent moins de 13 semaines et gagnent moins de 15 000 $ par an).

    J'ai pu consulter et éplucher la liste de ces 291 contractuels. Et vous savez quoi, Marc, la production de l'ensemble des émissions dans les secteurs que vous mentionnez, soit dramatiques, jeunesse, variétés, famille, etc., emploie un grand total de... 18 contractuels de plus de 13 semaines. Oui, 18!!!! Des recherchistes pour plusieurs. Dont certains pourraient probablement être permanentisés.
    Ça laisse donc 273 contractuels, à Mtl et en région, qui oeuvrent à l'info radio et télé (française et anglaise), à la radio générale, aux sports et aux nouveaux médias. Et quelques-uns au service nordique. TOUS des secteurs qui ne sont pas soumis aux "fluctuations liées à des projets dont la durée est limitée dans le temps, notamment du côté des fonds d'aide à la production" comme vous le dites si bien, Marc.

    Alors la SRC est dans le champ gauche
    big time, mon vieux. Remarquez, Marc, que je ne vous en tiens pas rigueur. Vous faites dans les relations publiques, alors vous ne faites qu’obéir aux ordres. Comme lorsque vous terminez votre mise au point en disant que les demandes salariales du syndicat sont l’enjeu principal de la présente négociation ( ! ). Mais je vous recommanderais de soumettre humblement à ceux et celle qui vous lavent le cerveau de faire attention à ce qu’ils vous font dire, parce que là, cher ami, vous avez l’air un peu foufou.

    Je vous aime,
    Pierre

    P.S.: J’ai assez pris d’espace. Environ 3000 caractères je dirais. Comme chef de pupitre, c’est plus que le maximum que j’impose à mes rédacteurs, qui deviendront bientôt des journalistes à part entière. Vous comprendrez, Marc, que là ils vont me dire que je suis un cordonnier bien mal chaussé. Ils vont rire de moi et cela me fait de la peine. Si vous ou d’autres le voulez, cependant, j’aimerais bien vous raconter la réalité des gens des sports à Radio-Canada. Comme ce collègue qui rédige des nouvelles du sport depuis 19 ans dans une précarité insensée, ou encore ce "journaliste" Internet qui est allé couvrir les Jeux de Salt Lake City dans un statut de... rédacteur!
    Mais seulement si vous insistez.

Grosse fatigue

Première assemblée d'information d'aujourd'hui

Une autre salle bondée ce matin pour entendre le comité de négociation donner les détails au sujet des négos. Ils ont mis de la viande autour de l'os que vous pouviez déjà ronger sur ce site 12 heures plus tôt.
Les négos piétinent et c'est de la faute aux négociateurs patronaux, a-t-on dit en substance. «Face à des patrons bornés et inflexibles», pouvait-on lire sur le feuillet d'information distribué à l'entrée, «notre réponse: le mépris n'aura qu'un temps».
Le comitère de néegociation du SCRC

Jean Grenier, un expert négociateur de la CSN (c'est lui qui parle au micro sur la photo ci-dessus), a donné un exemple de la stagnation patronale. Vendredi dernier, a-t-il raconté, alors qu'était abordé le point #1 (l'amélioration des conditions des temporaires), «les négociateurs patronaux sont partis en caucus à 10 heures. Ils sont revenus à 21 heures».
Autre exemple, au sujet du point #8 sur l'équité salariale: «Radio-Canada a dit: "C'est nous qui ferons le plan d'action, car c'est nous qui sommes imputables." Sur l'imputabilité seulement, on a négocié deux jours.»
Rad-Can «négocie à l'arraché chaque point», a résumé Grenier.

Au même moment, à 11h32 précises, la directrice des ressources humaines de Rad-Can, Huguette Wiseman, transmettait un communiqué aux employés qui ne sont pas en lockout. Elle aussi y allait de ses exemples, agrémentés de quelques notes de mon cru en caractères gras:
    Date: Wed, 24 Apr 2002 11:32:52 -0400
    From: communications_montreal@radio-canada.ca
    Subject: Info-négos no. 31

    NÉGOCIATIONS SRC-SCRC

    Nouveau ralentissement dans le processus de négociation : un autre ajournement demandé par le syndicat
    [NDLR: Excellent spin! 100% dans le cours «Relations publiques 101».]
    Le SCRC a demandé hier un autre ajournement à la table pour ne s'y présenter à nouveau que jeudi. Le comité patronal a néanmoins continué de travailler avec le médiateur jusqu'en fin d'après-midi, afin d'utiliser le plus efficacement possible tout le temps disponible.
    [NDLR: Comment peut-on dire, à 11h32, que le travail avec le médiateur s'est poursuivi dans le futur?]
    [...] Quelques exemples récents. Le samedi, 20 avril 2002, le comité patronal devait rencontrer le syndicat à 11 heures. Le syndicat s'est finalement présenté à 15 heures, pour demander un caucus à 15 heures 30 et informer par la suite la partie patronale qu'il ne serait disponible que le lundi 22 avril, en avant-midi. Le 22 avril, le syndicat s'est enfin présenté à 16 h 30, et à 17 heures, la Société a demandé une pause pour préparer sa contre-proposition. Dès 20 h 15 le même jour, Radio-Canada présentait sa contre-proposition au syndicat. Le syndicat a pris la contre-proposition patronale en délibéré et est retourné en caucus. Vers 21 heures, le médiateur a informé Radio-Canada que le syndicat ne reviendrait que le mardi 23 avril, à 10 heures. Or, c'est seulement à midi que le syndicat a informé la partie patronale d'un nouvel ajournement jusqu'au jeudi 25 avril.

    Rappelons que Radio-Canada fait face à un conflit de travail avec le SCRC et ce, officiellement depuis le 22 mars à minuit. Ce conflit a été déclenché par une grève des membres de ce syndicat.
    [NDLR: C'est ça. Et l'opération de l'armée israélienne, aujourd'hui à Hébron, a été déclenchée par les Britanniques le 14 mai 1948.]
    Le conflit a été déclenché parce qu'il existait un écart très important entre les 141 demandes syndicales [NDLR: Les faits: divisez ce chiffre par 14,1] et l'unique demande patronale et compte tenu des demandes d'augmentations salariales de l'ordre de 25 % [NDLR: Pardon? Si on demandait ça, je serais le premier à désavouer mon syndicat.] par rapport à une offre totalisant 6 % sur deux ans.
    [...]Personne ne gagne à prolonger le conflit.[NDLR: À qui le dites vous...]
    La Société déploie tous les efforts afin d'en arriver à une entente négociée avec le syndicat et travaille de près pour ce faire avec le médiateur. Toutefois, aucun règlement ne peut intervenir sans que le principe le plus élémentaire d'une saine gestion des fonds publics ne soit pleinement respecté. [NDLR: Depuis le début du conflit, Radio-Canada a économisé plus de 3 millions de dollars en salaires non-payés.]
    Huguette Wiseman

Qui dit vrai?
Les employés présents à l'assemblée, en tous cas, on tellement cru leur syndicat qu'ils l'ont vertement critiqué... parce qu'il était trop gentil à leur goût. De plus en plus de membres veulent passer à des actions plus directes. Quelques exemples des interventions au micro:
    «Les moyens pour manifester notre présence sont trop bénins par rapport à l'attitude de la partie patronale!»
    «Si Radio-Canada a réussi à faire de moi un militant, il est temps qu'on devienne tous militants!»
    «Le problème vient de la tête. Rabinovitch, c'est son troisième conflit!»
    «Il est temps de s'attaquer aux annonceurs. Veulent-ils être associés à la discrimination sexuelle? À la discrimination territoriale? Aux clauses grand-père?»
    «J'aimerais demander une enquête publique sur le fonctionnement de la SRC!»
    «Il est grandement temps qu'on nomme des noms!»
    «Il faut suivre les camions et on les empêche de travailler!»
    «Je commence à être très en colère!»
    «Il faut faire des actions à la Greenpeace et, comme ça, forcer les autres médias à en parler!»
Parc de l'Espoir, angle Panet et Sainte-Catherine, pour commémorer les victimes du sida

Et dans tout ça, y a-t-il encore un espoir que le conflit se règle rapidement?
Je ne sais pas si je peux encore éprouver, même, le moindre espoir.
On dirait que je n'arrive plus à voir d'espoir nulle part... sauf peut-être dans un parc.

La chronique «Grande Gueule» du Voir d'aujourd'hui parle de nous

Journal Voir

En primeur sur Blogue-Out:

    Les éternels précaires
    par Luc Boulanger, journaliste à Voir

    Malgré les petits coups de klaxon lancés en passant devant la ligne de piquetage, boulevard René-Lévesque à Montréal, peu de gens appuient réellement les quelque 1200 journalistes, animateurs et recherchistes de Radio-Canada sans travail depuis plus d’un mois.
    Les négociations avancent à pas de tortue, leur déroulement demeure secret, et les syndiqués doivent se taire. Pas très transparente, cette façon de faire, de la part d’un organisme public… Mais les gens ont d’autres chats à fouetter. Peu importe l’avenir de la télé et de la radio publiques payées à même leurs taxes. Même les cotes d’écoute ont à peine chuté. Les dirigeants de la Société d’État doivent bien rire: "Ça vous apprendra de vouloir lancer des moyens de pression avant l’été et à la fin des BBM. Bon piquetage, on se reparle en septembre."
    J’entends déjà des protestations pour justifier le manque d’intérêt: "Ils se plaignent le ventre plein, les journalistes." C’est déplorable. Parce que cela démontre une mauvaise perception de ces travailleurs que vous pensez, à tort, privilégiés. (Tous les journalistes ne sont pas des vedettes grassement payées et traitées.) Mais surtout, parce que cela témoigne d’une indifférence générale par rapport aux questions touchant à la pratique du journalisme, donc à la liberté de presse.
    Depuis le début du lock-out, n’importe quel sujet éclipse le conflit à Radio-Canada dans les manchettes: le lancement du nouveau disque de Céline Dion; les frasques de René; la démission de Charles Dutoit; les séries éliminatoires du hockey; les records de chaleur… Des divas et des jeux, en gros. Sommes-nous, collectivement, blasés à ce point?
    On est bien loin des mouvements de masse lors de la grève des réalisateurs de Radio-Canada en 1959. À l’époque, le public se rassemblait en grand nombre au Théâtre Orpheum, rue Sainte-Catherine, pour entendre les René Lévesque, Jean Duceppe, Jean-Louis Roux et Gisèle Schmidt appuyer les grévistes.
    Aujourd’hui, sauf le président de l’UDA, Pierre Curzi (solidarité syndicale oblige), peu d’artistes – même les plus grandes gueules – ont osé se prononcer publiquement sur le conflit. Par contre, certains ont déploré le fait qu’il y ait présentement moins d’émissions pour ploguer leurs shows! C’est d’une tristesse.




    Je vous entends me traiter de nostalgique de la Révolution tranquille, et me dire que le Québec a bien changé. Eh oui! Mais pas nécessairement pour le mieux. Du moins, en ce qui concerne le monde des communications.
    Avec l’équité salariale entre les hommes et les femmes, l’un des enjeux principaux de ce conflit est la précarité d’emploi. Depuis la fin des années 80, les dirigeants de nombreuses entreprises de presse travaillent, en très grande partie, avec des pigistes, des contractuels et autres travailleurs au statut précaire.
    En gros, cela signifie que les gens qui décident du contenu des émissions de télé, des émissions de radio et des journaux peuvent être remplacés, congédiés ou réprimandés n’importe quand, n’importe comment, et sans appel. Sans parler de leur traitement.
    Ajoutez à la précarité le phénomène de la concentration de la presse, l’augmentation de la publicité, ou encore toutes ces formes de promotion qui se déguisent en shows de variétés ou d’information (la campagne médiatique entourant le disque de Céline en constitue un bon exemple), et vous verrez qu’on n’a pas besoin d’être parano pour craindre le pire quant à l’avenir de la pratique d’un journalisme indépendant des intérêts mercantiles.
    Sans tomber dans les théories alarmistes de Noam Chomsky sur le consensus médiatique ou dans le "Péladeau-bashing", il y a de quoi s’inquiéter en envisageant les conditions futures des travailleurs de l’information. La qualité du contenu des émissions et des publications offertes à la population risque de s’appauvrir davantage.
    En résistant à leurs patrons, les "lock-outés" défendent leurs intérêts, mais ils revendiquent aussi une vision du journalisme que tous les artisans du métier devraient soutenir. Une vision selon laquelle les créateurs de contenu ont droit au même respect que les gestionnaires de l’information.




    Finalement, en refusant d’être solidaires, les Québécois se trahissent un peu eux-mêmes. Car ils ne se privent pas seulement de Bazzo, de Bureau et d’Homier-Roy, mais, à long terme, ils risquent de saborder une télévision et une radio de qualité (qui ont déjà subi coupures et licenciements en masse ces dernières années), fabriquées par des hommes et des femmes qui désirent que leur travail soit pris au sérieux.
    Le journalisme, ce quatrième pouvoir, s’est longtemps estimé le reflet des préoccupations d’une société démocratique. Son visage, sa pensée et sa voix. Or, l’image que les médias projettent à l’heure actuelle est celle d’une société intellectuellement déficiente, qui a remplacé les sermons des curés par les pitreries de Céline.
    Une société qui a vendu son âme.

Deadlock en spectacle ce soir (24 avril)

Pour donner un électrochoc à votre moral!

Lieu du spectacle:
Bar St-Laurent 2
5550 boul St-Laurent (angle St-Viateur)

Heure du show:
21h30

Coût:
Absolument rien!

mardi, avril 23, 2002

Un amoureux éconduit

Stéphane Bordeleau
Tous ceux qui côtoient Stéphane Bordeleau savent à quel point c'est un type tout en douceur. Pas du tout le topo du militant syndical enragé. Et pourtant. Stéphane Bordeleau, 32 ans, est le délégué des employés des nouveaux médias auprès du SCRC!
Alors que d'autres amoureux de Radio-Canada ont vécu leur transformation en Incroyable Hulk pendant le lockout, chez Stéphane, le phénomène s'est produit bien avant: «J'ai jamais milité dans des groupes de gauche. Ce sont mes conditions de travail qui m'ont poussé à m'impliquer.»
Parmi les conditions qu'il évoque, il y a une incongruité qu'il ne digère pas (et que bon nombre de ses collègues travaillant aux sites web de Radio-Canada ne digèrent pas non plus). Ils sont environ 70 comme Stéphane à oeuvrer au bouquet web de la Société, des gens qui publient du matériel et, donc, qui font un boulot de rédacteur, de journaliste. Mais voilà, ils sont reconnus par Radio-Can comme «recherchistes». La différence? Moindre salaire. Pas d'accès à la permanence: «On est une légion de contractuels aux nouveaux média, des contractuels dont il sera facile de se débarrasser.... au cas où.»
Mais laissons Stéphane raconter lui-même son histoire:

    Engagé à Radio-Canada en février 1991 comme messager pour le service du courrier, ça fait aujourd'hui plus de onze ans que je travaille pour la Société Radio-Canada. Embauché à la fin de 1992 comme commis au dépêches (sur appel) à la salle des nouvelles télévision, j'ai occupé pendant 7 ans une kyrielle de postes dans la salle, allant de réceptionniste à journaliste-rédacteur pour les bulletins de nouvelles. Pendant toutes ces années où je travaillais la nuit, le jour, à toutes les fêtes et tous les week-end, la direction de la salle ne m'a jamais rien offert d'autre que des contrats de moins de trois mois. Évitant ainsi pendant toutes ces années de me donner droit aux assurances collectives, aux avantages sociaux et à l'accumulation de mon acienneté! Dans la bouche de mes patrons, j'étais toujours le meilleur et le plus qualifié pour remplacer tout le monde et travailler les nuits et les week-end, mais quand venait le temps d'attribuer des postes, on prenait bien soin de m'oublier...
    Un peu dégoûté de ce système, j'ai profité de la montée d'Internet pour tenter ma chance du côté des nouveaux médias, où j'ai dégoté une place de rédacteur Internet sur le site des Nouvelles de Radio-Canada. Croyant avoir enfin des chances d'obtenir un peu plus d'équité et un poste permanent dans ce tout nouveau secteur en pleine effervescence, j'y ai obtenu de meilleures conditions de travail, en effet, mais toujours à contrat. De plus, pour faire des économies avec tous ces jeunes travailleurs de l'Internet, Radio-Canada a pris grand soin de ne permanentiser personne, dans tout son secteur nouveaux médias! Ainsi, nous sommes aujourd'hui plus d'une soixantaine d'employé(e)s, un secteur en entier, sans que personne ne soit permanent. Tous et toutes à contrat depuis bientôt cinq ans, alors que chez nos amis de la CBC, la majorité du personnel Internet est permanent et journaliste, un statut qu'on nous a toujours refusé au Québec.
    Après avoir passé toutes ces années à tirer le diable par la queue pour qu'enfin moi et mes proches collègues soyons considérés comme de vrais employés, j'en conclus aujourd'hui que la précarité à Radio-Canada, ce n'est pas un accident! C'est un système organisé et calculé sur une longue échelle par les actuaires de la direction pour se soulager du plus de responsabilités possible envers ses travailleurs. Et au coût le plus bas, bien sûr! La raison de cette manoeuvre, les populations de travailleurs vieillissent et coûteront ainsi plus cher en fonds de pension, en assurance etc.. Et investir dans le capital humain, ce n'est plus très à la mode...
    Hélas, les beaux bureaux du CDI, les équipements ultrasophistiqués et le bonheur des producteurs privés sont bien plus importants que la dignité et le respect de centaines de gens (la moitié de notre syndicat) qui ont consacré la plus grande partie de leur vie à une boîte qu'ils aiment et respectent mais qui hélas, ne le leur rend pas.

Stéphane Bordeleau

Le silence brisé

Après l'avoir gardé 19 jours, le syndicat va rompre le silence demain, mercredi, à l'occasion de diverses assemblées d'information qui auront lieu un peu partout en province et à Moncton. À Montréal, deux assemblées sont prévues à 11h et à 15h (ou 16h), au sous-sol de l'église Saint-Pierre-Apôtre.
Le syndicat des communications communiquera enfin les détails des négos.
En gros, les membres du comité de négociation diront que sur les 10 points définis lors de l'assemblée extraordinaire du 26 mars, 6 n'ont pas pu être abordés en négos depuis, 2 sont considérés «réglés» et les 2 autres ont fait l'objet des interminables pourparlers des derniers jours.
Voici ce que ça donne en corrigeant le tableau publié hier:






















































Demande syndicale (à l'issue de l'assemblée du 26 mars) Négocié? Réglé?
1. La reconnaissance du service continu, le rappel au travail selon l'ancienneté et une journée et quart de congés par mois pour tous les temporaires. Oui Non
2. Permettre l'accès à la permanence à un plus grand nombre. Non Non
3. La fin des horaires différenciés et la rémunération adéquate pour le travail intra unité. Non Non
4. La Société Radio-Canada assure une production télévisuelle interne d'au moins 40%. Non Non
5. Le maintien en emploi des employé(e)s de RCI et de service Nord Québec à l'intérieur de la Société en cas de réduction de service. Non Non
6. Le maintien de l'obligation d'accommodement pour les gens dont l'invalidité ne permet pas un retour à leur emploi (clause dite «présidentielle»).
Oui Non
7. La transparence quant à l'information transmise au syndicat. Oui Oui
8. L'équité salariale entre les hommes et les femmes. Oui Oui
9. La mise à jour des monographies d'emploi. Non Non
10. Des augmentations de salaire équitables. Non Non

Bref, ça piétine.
Selon le chef négociateur du SCRC, Ubald Bernard, les parties ne se sont même pas vues en face à face ce matin (mardi) avant une pause pour aller voir la chaîne humaine autour de RC. Mais les négos ont continué tard en soirée. Ubald n'était pas encore chez lui quand il a été rejoint au téléphone, à 21h15 mardi soir.
«Nous avons dit au médiateur que nous serions de retour jeudi», indique Ubald, en précisant qu'il ne savait pas encore si la partie patronale sera là, elle.
Ce bris du silence risque-t-il de faire dérailler le processus de négociations? «Si on pensait que ce serait utile de ne pas faire le point sur les négos, on retarderait encore, répond Ubald. Mais là, on juge que ça nous dessert.»
Il dit qu'il ne craint pas de réaction de la direction de Radio-Canada. D'abord parce que les patrons demandaient à l'origine un silence de 10 jours, délai largement dépassé. Ensuite, parce que «quoi que le syndicat fasse, c'est pas correct. Ils vont inventer n'importe quoi». On sent la tension monter d'un cran et la patience s'émousser un brin: «Qu'est-ce qu'ils veulent qu'on fasse? Qu'on s'enterre six pieds sous terre? Non. On est trop têtes de cochon pour ça.»

Il patine bien



Logo par Robert Pilon et Marie-Josée Attaboy! Jean Lajoie, mesdames et messieurs! Logo par Robert Pilon et Marie-Josée
Bilan photo de l'opération La Soirée du silence de ce soir, toujours sur le site de Philippe Schnobb! :-)
(cliquez sur Jean Lajoie pour accéder au site)
(pastiches de Robert Pilon et Marie-Josée (de la CSN))

Première chaîne

Sur le site de Philippe Schnobb, voyez les photos de la chaîne humaine qui a ceint le siège social de Radio-Canada, ce midi. Impressionnant!

Mise au point de Michel Couturier

Le président du syndicat fait une mise au point relativement au tableau publié hier soir.
«À ma connaissance, écrit-il, le tableau que tu as publié sur le blogue ne correspond pas à la réalité.»
Justement. Nous sommes impatients de la connaître, la vérité...

lundi, avril 22, 2002

La gestion par projet à Radio-Canada
Ou quand une règle comptable devient une politique de ressources humaines.

Daniel Tremblay, journaliste à la recherche à la Radio de Radio-Canada, m'envoie ce texte d'opinion où il analyse les origines de la précarité. Lisez ça et discutez-en sur les piquets. C'est très nutritif pour les neurones.
Ici encore, les gras et les hyperliens sont de moi.

    Sur le site internet décrivant la position de Radio-Canada face aux négociations avec les 1300 employés et membres du Syndicat des communications de Radio-Canada, on retrouve un paragraphe riche en enseignement sur la politique de ressources humaines de la société d’état.
      «La nature même des activités de la société, peut-on y lire, et son mode de financement rendent nécessaire la présence d’employés contractuels. Une partie du financement de la société est temporaire ou sujet à des fluctuations liés à des projets dont la durée est limitée dans le temps, notamment du côté du fonds d’aide à la production. Par ailleurs, une partie du financement des programmes de la télévision générale est fondée sur la production de séries ou de documents dont le financement est temporaire ou sujet à des variations. Dans ses conditions, explique-t-on, la Société (Radio-Canada) doit conserver à son emploi un certain nombre de contractuels.»

    Concrètement, ce court paragraphe signifie que Radio-Canada entend continuer d’engager des employés à statut précaire parce qu’elle comptabilise désormais ses dépenses par projet. Ainsi, selon le nouveau diktat budgétaire, tel montant va à une émission jeunesse, tel autre à un projet de téléroman, et une autre somme à un projet de documentaire, etc. C’est ce qu’on appelle de la gestion par projet.
    Depuis deux ans, les composantes de Radio-Canada, la télévision et la radio anglaise et française, et les nouveaux médias, ont obtenu pas moins de 120 millions de dollars de plus pour la création de projets. Pas pour améliorer les conditions de travail des artisans, pas pour stabiliser l’emploi chez les jeunes créateurs, pas non plus résoudre le problème d’équité salariale. Non uniquement pour des projets.

    La gestion par projet est le nouveau mal du siècle. D’abord, c’était une bébête règle comptable de reddition de comptes : c’est-à-dire qu’on soustrayait une dépense x à la colonne y, celle du budget du département de l’entreprise qui avait requis le service. Puis, insidieusement, aidée en cela par les compressions budgétaires des gouvernements et par les pressions haussières en faveur des dividendes d’entreprises toujours plus vertigineuses, c’est devenu en plus de vingt ans la nouvelle panacée des gourous des ressources humaines.
    Pour le sociologue David Courpasson, le moteur de la gestion par projet, c’est justement l’incertitude du résultat final du projet : un système complexe qui favorise les récompenses aux plus méritants, souvent octroyées de manière discrétionnaire. Un système élevé en quelque sorte en «culture de la précarité» comme le sociologue l’explique si bien dans son ouvrage L’Action Contrainte - Organisations libérales et domination.

    Mais revenons à Radio-Canada. En gestion de projet, vous n’êtes plus un artisan de la boîte. Vous êtes devenus un numéro de budget [NDLR: on revient au concept de «location humaine à long terme»] : celui du projet Z. Si le projet Z a besoin d’engager un professionnel, alors, vous vous retrouvez dans la colonne des dépenses. Si le projet Z se termine et que votre évaluation arbitraire est bonne, vous êtes engagé sur le projet de téléroman H et inscrit comme une nouvelle dépense budgétaire dans une nouvelle colonne de chiffres. Peu à peu, vous êtes devenus un employé à statut précaire. C’est la dictature de la comptabilité.
    Vous êtes évidemment le même individu. Le même artisan qui travaille sans compter pour une entreprise de radiodiffusion de bonne réputation. Mais dans la tête des gestionnaires, vous ne faîtes pas partie de la grande famille radio-canadienne. Vous êtes ballotté d’un projet à l’autre, d’une émission à l’autre. Vous possédez toujours la même expertise irremplaçable, mais vous êtes maintenant lié à l’existence d’un projet, à son évaluation arbitraire sur laquelle vous n’avez aucune prise. Une évaluation qui décidera de votre avenir. C’est la spirale de la précarité. Vous êtes devenu le maillon sans chaîne. Vous n’êtes plus membre d’une société d’état au passé glorieux. Vous êtes ce que Radio-Canada appelle une fluctuation!
    Évidemment, il y a toujours eu des changements de programmation à Radio-Canada. Il y en aura toujours! Que s’est-il passé pour justifier aujourd’hui qu’une règle de comptabilité soit devenue une politique des ressources humaines? Si Frédéric Back, ce merveilleux artisan, travaillait encore à Radio-Canada, aurait-il toujours le loisir de s’investir totalement dans son œuvre créatrice ou ne serait-il qu’un numéro de budget, attaché à un projet de série télé, jetable au gré du financement, sujet à des fluctuations?

    Pourtant, en 1995, le Vérificateur Général du Canada avait mis en garde Radio-Canada sur les effets que pourraient avoir des compressions budgétaires répétées sur la culture de l’entreprise. Dans son rapport spécial en l’an 2000, le Vérificateur réitérait ses craintes: «L’organisation, écrivait-il, a donné pendant tellement d’années la priorité aux réductions budgétaires, aux réductions des effectifs et aux mesures d ’accroissement de la productivité, on craint surtout que la culture d ’entreprise n’ait été compromise…» Et il ajoutait plus loin: «…une organisation créatrice survit dans la mesure où elle réussit à attirer, à garder et à motiver son personnel artistique…»
    Récemment, le Conseil du Trésor déposait le livre des crédits qui prévoit que le budget de Radio-Canada passera de 795 millions de dollars à 916 millions de dollars en 2002-2003. C’est 121 millions de dollars de plus, soit une augmentation de 13%. Il s’agit bien sûr d’une fluctuation de budget sujette à des variations politiques ou économiques.
    Mais la Société d’État pourrait aussi considérer cet apport d’argent comme un tournant, une occasion unique d’investir dans sa main d’œuvre comme s’il s’agissait d’un projet à long terme! Le président de Radio-Canada, Robert Rabinovitch, n’écrivait-il pas en préface du Rapport annuel 2001 : «La radiodiffusion est une activité créatrice à prédominance de main-d ’œuvre. Sans le soutien du personnel, le renouvellement de la société qui prend forme est impensable.»

    L’important aujourd’hui, c’est donc de savoir si la direction de la Société, appartenant à la population canadienne, va s’assurer du soutien de son personnel pour construire l’avenir. Pour y arriver, les gestionnaires peuvent d’abord lever leur lock-out qui prive la population de ce pourquoi elle paye, et les artisans de Radio-Canada de ce pourquoi ils travaillent, c’est-à-dire à produire un contenu riche, imaginatif et de qualité. Et une fois le lock-out levé, de s’asseoir et de négocier de bonne foi, en ayant à cœur une réelle amélioration des conditions de travail des artisans. Et surtout ne pas continuer à imposer une politique des ressources humaines calquée sur une lamentable règle de reddition de comptes. Que sont les véritables gestionnaires devenus?

The night shift

Où sont les piqueteurs?

17h30, le lundi 22 avril, angle Wolfe et De la Gauchetière. Les piquets sont déjà désertés. Zéro piqueteurs. Deux gardiens de sécurité sont fidèles au poste: «Vous ne vous ennuyez pas?
- Oh non, on fait notre job, c'est tout», répond l'un d'entre eux avant de lancer, avec un petit sourire en coin: «Bonne chance!»
Photo mise sur le camp à dessein, pour que vous fassiez l'effort de tourner la tête... un symbole de l'effort qu'il faut faire pour aller piqueter

Situation guère plus reluisante sur le boulevard René-Lévesque. Ils sont six. Un piquetage... comment dire... symbolique.
Matthew Pace

Ce manque d'assiduité reflète peut-être le moral des troupes, pense Matthew Pace, journaliste de la télé anglaise: «Depuis la semaine passée, c'est à la baisse. Il faisait beau, chaud. Et là...» Il tombe une neige feluette sur Montréal, ce soir.
Matthew réussissait à s'occuper jusqu'à maintenant. Mais alors que le conflit entame mardi son deuxième mois, comme plusieurs cadenassés, il commence à s'impatienter: «Comment se fait-il qu'il soit si long de discuter d'un seul point dans les négos?»
Il peut encore survivre quelques semaines, mais ses réserves s'épuiseront bientôt. Il rappelle que jusqu'à maintenant, les radio-canadiens en lockout ont encaissé une baisse de salaire de 8% pour 2002. Et ce n'est pas fini.
Il est optmiste que le conflit se règle d'ici les prochaines semaines. «Ah oui? Serais-tu prêt à gager là-dessus?
- Ummmh... No!!!»

Ils les ont pris au mot

Ils ont pris CBC au mot

go fly a kite
Informal To cease being an annoyance. Often used in the imperative. (Source: The American Heritage® Dictionary of the English Language: Fourth Edition, 2000)

go fly a kite
A phrase used as a peremptory dismissal. (Source: The Macquarie Dictionary, Australian National Dictionnary)

go fly a kite
Also, go chase yourself or climb a tree or jump in the lake or sit on a tack or soak your head. Go away and stop bothering me, as in Quit it, go fly a kite, or Go jump in the lake. All of these somewhat impolite colloquial imperatives date from the first half of the 1900s and use go as described under «go». (Source: The American Heritage® Dictionary of Idioms by Christine Ammer, 1997)

équivalent en québécois
Aller jouer dans le traffic.

Écho des négos VIII

La Terre appelle les négociateurs

Sur les piquets, ce soir, une collègue de Découverte m'a donné deux billets pour la présentation du film IMAX-3D sur la Station spatiale internationale. Pendant le film, l'analogie m'a sauté au visage. En voyant les astronautes flotter dans la station, faisant des bulles avec de l'eau, je voyais les négociateurs, isolés dans leurs locaux du Complexe Guy-Favreau...
Et ce soir, Ubald Bernard, qui a retourné mon appel vers 22h alors qu'il rentrait chez lui en venant tout juste de quitter ses vis-à-vis patronaux, a fait écho à l'analogie sans même que je lui mentionne que j'étais allé voir le film: «C'est comme intemporel. On est en négos, comme s'il y avait dissociation de la situation dans laquelle ils nous tiennent depuis un mois.» [Musique de Close Encounters of the Third Kind]

La journée a été longue pour les équipes de négos: de 9h30 à 21h30 environ. Mais on ne sent toujours pas de progrès concret. Et il n'est toujours pas possible pour Ubald Bernard de préciser les points sur lesquels portent les pourparlers. Il en est presque gêné: «Je ne crois pas qu'on puisse durer encore longtemps sans être plus explicite que ça.»

J'ai donc pris l'initiative de faire un bilan absolument non-officiel et qui vaut ce qu'il vaut dans le contexte d'un silence sur le contenu des négos...











































Demande syndicale (à l'issue de l'assemblée du 26 mars) État de la demande
1. La reconnaissance du service continu, le rappel au travail selon l'ancienneté et une journée et quart de congés par mois pour tous les temporaires. J'ai l'impression, sans qu'Ubald Bernard l'aie confirmé, qu'il a été question de ce point la semaine dernière.
2. Permettre l'accès à la permanence à un plus grand nombre. J'ai l'impression, sans qu'Ubald Bernard l'aie confirmé, qu'il est question de ce point depuis vendredi dernier.
3. La fin des horaires différenciés et la rémunération adéquate pour le travail intra unité. ?
4. La Société Radio-Canada assure une production télévisuelle interne d'au moins 40%. Selon des sources, ce point n'a pas été abordé encore.
5. Le maintien en emploi des employé(e)s de RCI et de service Nord Québec à l'intérieur de la Société en cas de réduction de service. ?
6. Le maintien de l'obligation d'accommodement pour les gens dont l'invalidité ne permet pas un retour à leur emploi (clause dite «présidentielle»).
Selon des informations transmises en assemblée d'information par le syndicat, ce point a été abordé sans être réglé.
7. La transparence quant à l'information transmise au syndicat. Selon des sources, ce point serait réglé.
8. L'équité salariale entre les hommes et les femmes.
Selon des sources (notamment le site spécial de Radio-Canada), ce point serait réglé également.
9. La mise à jour des monographies d'emploi.
?
10. Des augmentations de salaire équitables (et biologiques (c't'une joke)). ?


Sur les piquets, ce soir, une collègue avait confié qu'une rumeur voulait que ce soit le syndicat qui «niaise» la partie patronale en refusant sans cesse des propositions généreuses. Ubald Bernard répond que dans certains détails, certaines propositions patronales sont en effet intéressantes, mais qu'elles se font au prix de concessions plus importantes pour d'autres employés que ce que gagneraient les employés visés par la proposition généreuse.
«Des fois, j'ai le goût de dire que ce sont eux qui nous niaisent, dit-il, mais je ne suis pas en mesure de le dire maintenant. Quand nous [les membres du comité de négos syndical] le penserons tous et tout le temps, nous le dirons.»
Prochain épisode du feuilleton des négos: demain, 10h.

Ça tombe bien

semaine sans tv

Wouaou!

Philippe Schnobb commence à avoir une page web qui a du chien!
Elle compte notamment des photos des nombreuses opérations de distribution de tracts (affectueusement abréviées ODT) ayant eu lieu ce weekend dans la région.

Un geste équitable


Guylaine Bombardier

Nouveauté au local de lockout, au sous-sol de l'église Saint-Pierre-Apôtre du boulevard René-Lévesque. Depuis jeudi, Guylaine Bombardier, recherchiste à l'affectation régionale à la salle de nouvelles télé, fait des cafés au lait et des espresso au profit du comité d'entraide.

Affiche

Guylaine Bombardier

Copropriétaire du Café Rico, rue Rachel, Guylaine a loué une Royal Digital de Saeco (une machine à espresso avec un ordinateur, wow!) et a décidé de partager son café équitable et biologique avec les lockoutés.
Le comité lui rembourse son lait et son café. Comme chaque livre de café revient à 7,25$ et qu'une livre fait environ 120 cafés, chaque tasse ne coûte au comité que 5¢, en tenant compte du prix du lait. Chaque café vendu 75¢ au petit comptoir de Guylaine rapporte donc 70¢ au comité d'entraide. Comme elle en fait une centaine chaque jour, faites le calcul!
C'est là un geste normal pour Guylaine, pour quoi la justice sociale est au coeur des préoccupations. Elle faisait pourtant partie du camp des sceptiques au début du conflit: «Il y a beaucoup de choses qui m'empêchaient d'adhérer, dit-elle. Le ton du P'tit canard [NDLR: feuillet d'information du syndicat], entre autres, était un turn off pour moi et me donnait un préjugé très défavorable du comité de négociation».
Un préjugé qui est renforcé, ajoute-t-elle, quand elle entend certains militants déclarer en assemblée que les boss sont des «salopards» qui «veulent nous affamer». Guylaine connaît le tiers monde et, nord-américaine gâtée, elle refusait de se plaindre.
Mais lorsqu'elle a vu que le lockout touchait aussi d'autres personnes à l'extérieur de Radio-Canada et que des infirmières, notamment, comptaient sur des gains des radio-canadiens pour faire des gains chez elles, ça l'a touché: «Il y en a d'autres qui travaillent dans des conditions tellement pires que les nôtres», dit-elle. Faire un geste pour les autres. Voilà l'essence même de l'équité, mais surtout de la solidarité.

Le premier bébé du lockout


Christophe Guyon embrassant la bédaine de Kathleen Lyons

Le 5 mai prochain devrait naître le premier bébé du lockout. C'est en tous cas la date prévue de l'accouchement de Kathleen Lyons, 34 ans, recherchiste à C'est bien meilleur le matin. Son copain, Christophe Guyon, 35 ans, recherchiste à Sans frontières, espère que l'enfant naîtra le 1er mai... pour le symbole! Et si c'est une fille, le prénom de Rosa ne lui déplaît pas... «Comme Rosa Luxembourg... Pourquoi pas», dit-il, sans que je puisse détecter s'il est sérieux ou non!
Le lockout est survenu à un bien mauvais moment pour eux. Kathleen aurait eu besoin de travailler jusqu'à la fin de son contrat avec l'émission matinale de la première chaîne pour avoir droit au congé parental d'un an: «J'avais besoin d'avoir travaillé 600 heures, et j'allais avoir 600 heures flush à la fin de mon contrat qui finissait le 31 mars...» Mais le lockout, survenu le 23, prive Kathleen de son congé de maternité et de son congé parental d'un total de 52 semaines. Selon les exigences du programme fédéral de congés de maternité et parental, la grève de 24 heures du 22 mars aurait peut-être pu la priver de ce congé de toutes façons puisqu'il faut travailler de façon initerrompue pour le même employeur pendant 6 mois pour y avoir droit.
Kathleen Lyons
Mais ce non-accès à son congé n'est pas le seul problème de la précarité, souligne Kathleen. Avant de travailler avec René Homier-Roy, elle était à la recherche pour Matin Express weekend, sur RDI. Mais «j'ai une grande gueule, dit-elle, et c'est pour ça qu'on m'a viré». Et c'est précisément là le problème de la précarité dans une salle de rédaction. Tous les journalistes et les artisans de l'information savent que pour faciliter les échanges, les idées et la discussion, les salles de rédaction sont des milieux ouverts, physiquement parlant. Personne (à part les patrons) n'a de bureau fermé; personne, même, n'a de cubicule. Kathleen croyait qu'elle pouvait discuter ouvertement de tout, surtout de ce qui la dérangeait: «Il y a eu un changement éditorial à partir de juin 2001 environ, dit-elle. On s'est mis à vouloir faire concurrence à la télé commerciale, alors on s'est mis à faire de la télé commerciale.» En termes clairs: «Je me suis élevée contre cette espèce de façon de faire des "écrapous"!» Il y avait selon elle une trop grande emphase sur les faits divers à son émission et elle s'en est plaint ouvertement. C'est pour cette raison qu'elle a perdu son emploi, croit-elle: «J'étais pas la seule à penser ça, mais j'étais la seule à le dire. Les autres se fermaient la gueule. C'est pas normal que dans une salle de rédaction on se ferme la gueule.» La précarité étouffe l'expression des idées et des opinions, souligne-t-elle: «Même les permanents ont peur de parler par crainte de se faire mettre sur une tablette. Imagine les précaires.»
Cet épisode la trouble d'autant plus qu'il a brisé l'image qu'elle se faisait de Radio-Canada: «Je viens d'une famille où on n'avait pas le droit d'écouter le canal 10», dit-elle pour montrer que son attachement aux ondes publiques vient de loin. Mais aujourd'hui, ajoute-t-elle dans le même souffle, «la majorité de ma famille n'écoute plus Radio-Canada».
En ce sens, elle trouve révélateurs les commentaires recueillis il y a quelques semaines par Louise Cousineau, de La Presse, de téléspectateurs qui disent préférer la version actuelle des nouvelles de Radio-Canada très axée sur la nouvelle internationale.
Technicienne en informatique, à l'origine, Kathleen a choisi le métier d'informer il y a cinq ans. Cours en journalisme international à l'Université Laval, stages à la RTBF, puis aux bureaux de l'Associated Press à Bruxelles, pour ensuite passer à la radio de Radio-Canada, puis à RDI. Elle a choisi ce métier, mais aujourd'hui, elle a des doutes que le lockout ne fait qu'exacerber: «Ça va être une grosse année de mise au point pour moi, confie-t-elle. Après le bébé, je ne suis pas sûre de revenir à Radio-Canada.»

Christophe Guyon
Christophe, lui, était beaucoup plus heureux: «L'ambiance de travail, à Sans frontières, était extraordinaire.» Originaire de Saint-Malo, c'est parce qu'il voulait vivre le rêve américain qu'il est venu étudier à l'UQAM. Il est entré à Radio-Canada petit à petit, à coups de stages d'été, d'abord, en 1991 et 1992. Puis au Point dès 1993: «J'ai tout fait. Téléphoniste. Puis j'ai eu de petits contrats de recherche du temps de Madeleine Poulin. Mais j'en ai eu marre de l'ambiance. Le climat que faisait régner le patron n'avait rien de très réjouissant.»
Après un bref passage à l'émission Droit de parole à Télé-Québec, il revient à RC, mais à la radio, où il se trouve comme un poisson dans l'eau.
Il n'en est pas moins révolté par le lockout: «Le Français en moi est estomaqué, dit Christophe. Un "lockout", on n'entend jamais ça en France. C'est d'une sauvagerie sans nom.»
Kathleen et lui se tiennent prêts à vivre un long conflit. Et même avec un nouveau-né, ils disent tous deux avoir l'habitude de la précarité, alors le lockout les affecte peu sur le plan financier: «On a toujours des réserves, dit Christophe. Alors ça peut durer quelques semaines encore. On n'est pas pris à la gorge»... pour le moment!

dimanche, avril 21, 2002

Écho des négos VII

Le chef négociateur syndical, Ubald Bernard, avait ce soir la voix de celui qui voit toujours de la lumière au bout du tunnel, même si le tunnel semble long et qu'il n'y évolue qu'à très petits pas.
Les parties se sont rencontrées hier, samedi, entre 11h et 17h environ. Dimanche a été un jour de repos. Elles doivent se revoir demain, lundi, dès l'avant-midi. Impossible de savoir exactement sur quoi portent les pourparlers.
Y a-t-il progression? «Il y a progression au sens où il y a des discussions, répond Ubald. Mais est-ce que c'est bon signe ou mauvais signe, je ne peux pas me prononcer encore.»