De retour le 13 mai?
Une première cite une source à elle en ces termes: «Le "caucus Québec" à Ottawa en a assez. Les Coderre, Cauchon, Pettigrew, Martin, Robillard et autres auraient donc sommé la haute direction de la SRC de régler le problème d'ici un mois (donc, début juin au max), faute de quoi le prochain budget de la boîte sera revu à la baisse. Je ne peux (évidemment) pas te révéler l'identité de ma source, mais j'espère que tu sais que j'ai suffisamment d'expérience pour discerner une bonne source d'une source bidon. Et celle-ci est en béton armé.»
La seconde raconte qu'une source à elle a vu, de ses yeux vu, sur le bureau de la vice-présidente télé Michèle Fortin, un document qui détaillait la réintégration des employés en lockout pour le 13 mai. L'accès au document a été bref, mais la source (qui n'est ni un cadre, ni un cadenassé) a pu lire qu'un «comité d'accueil» célèbrerait le retour au travail le 15 mai avec «café, muffins et jus d'orange»...
Ce document laisse entendre que quoi qu'il arrive à la table de négociations, qu'il y ait entente ou pas, Radio-Canada mettrait fin au lockout.
La suite? Ce n'est qu'une hypothèse qui en vaut bien d'autres. Mais j'imagine facilement un retour au travail, avec moult excuses sur le plan personnel de la part de nos patrons respectifs. On amadoue les troupes. Pendant ce temps, les négos piétinent. Le blitz s'achève sur une mésentente. La direction répond par des «offres finales» que les membres, épuisés par 7 semaines de lockout, désireux de travailler après avoir perdu 14% de leur salaire cette année, et ne voulant pour rien au monde faire le trottoir à nouveau, accepteront quoi qu'elle contienne.
Cette hypothèse est inspirée de la théorie du Good cop, bad cop expliquée par le correspondant de la télé à Dakar, Jean-François Bélanger, qui réagissait en ces termes, vendredi, après l'annonce d'un blitz de négos pour cette semaine:
- Ça me fait [...] l'effet de flics qui essaient d'obtenir ce qu'ils veulent d'un suspect ou d'un témoin. D'abord. ils lui font plein de menaces, sont bêtes et méchants avec lui, de mauvaise foi. Ils le laissent mariner longtemps, parfois seul, sans informations sur son sort ou sur ce qu'il risque de lui arriver. Puis ils reviennent à la charge. L'accusent encore, le bousculent, lui reposent encore et encore les mêmes questions, refont des menaces.
Puis, il y a relève de la garde. Et tout à coup, c'est un supérieur qui prend le dossier en main. Le bon gros chef du poste de police. Il s'excuse au nom de ses collègues un peu plus jeunes, inexpérimentés, qui ont un peu parfois tendance à s'emporter, à en faire trop. Le bon gros flic est sympa avec toi. Alors, toi, inconsciemment, tu en fais ton allié. Plutôt lui que les autres. Le but recherché, c'est qu'après t'avoir bousculé et t'avoir fait peur, tu te laisses aller aux confidences avec le «good cop». Je connais la technique: je l'ai vécue récemment avec la police secrète du Zimbabwe (Central Intelligence Office).
Et j'avoue que l'intervention de Sylvain Lafrance et de Mme Fortin me fait beaucoup penser à celle des «good cops» après les «bad cops» qu'étaient Huguette Wiseman et Marc Sévigny.
Cela reste néanmoins un tournant dans cette crise; une main tendue -qu'elle soit de bonne foi ou non- et donc une occasion de mettre un terme à l'impasse.
Dans mon cas, au Zimbabwe, ma libération est intervenue peu de temps après l'intervention du «good cop» et je n'ai pas pour autant cédé un pouce de terrain...
Puissions-nous être libérés sans pour autant céder...