samedi, mars 23, 2002

Les salaires, je m'en fous.

J'apprends dans La Presse que nous réclamons plus de 10% d'augmentation salariale sur trois ans...
Je n'ai aucun souvenir que ces demandes aient été discutées à l'assemblée générale de samedi dernier. Je pense qu'on devrait accepter le 4 ou 5% sur trois ans que la direction propose et clancher sur la précarité...
Ce n'est pas en ces temps de vaches maigres qu'on va se gagner la sympathie du public si on insiste sur les salaires. Celui-ci va se faire un plaisir de nous rappeler que c'est dans ses poches à lui qu'on va puiser, et que le puits est maintenant épuisé.

Blogue-out

Hier à la la radio, le porte-parole de RC prétendait que puisque dans le Code canadien du travail (allez-y, cliquez sur le lien, c'est passionnant comme lecture!), le concept de «grève de 24 heures» n'est pas défini, la grève d'hier est en fait une grève générale illimitée. À l'article 3, pourtant, le concept de «grève générale illimitée» non plus n'est pas défini. Le concept de «lockout», lui, est très clair: «(...)mesure -- fermeture du lieu de travail, (...)-- prise par l'employeur pour contraindre ses employés (...) à accepter des conditions d'emploi.»
J'ai donc voulu faire acte de présence aujourd'hui, me sentant mal d'avoir raté le jour 1 du conflit. À 16h, Personne. Ça se passe de 9h à 13h seulement les weekends. Je repasserai demain.
Le dispositif de sécurité mis en place par RC autour de la tour m'a fait sourire. Près des entrées, trois camionnettes arborant des autocollants «SÉCURITÉ» sur leurs portières montaient la garde. Les gardiens eux-mêmes ne portaient aucun uniforme. Seulement leurs manteaux avec une pièce marquée «SÉCURITÉ» cousue à la manche. Improvisation mixte ayant pour titre: j'engage mon beau frère comme bouncer.

On leur a offert du café


C'est l'agence Kolossal qui a décrochée le contrat de sécurité (après appel d'offres?), la même qui veille aux «checkpoints» de l'aéroport de Dorval.


Ce soir, ma blonde grimaçait en écoutant le téléjournal. La plupart des narrateurs, disait-elle, étaient statiques, monotones. D'autres avaient plus de métier dans la voix et rendaient l'expérience moins pénible. Son bilan: «Ils se débrouillent bien sans vous.» Mon bilan: Le public ne fait pas la différence...

vendredi, mars 22, 2002

Rituel

Depuis quelques hivers, je me réserve une journée juste pour moi, aux alentours de mon anniversaire. Je m'isole sur une montagne, mes blades aux pieds, et je me défonce sur les pentes jusqu'à ne plus tenir sur mes jambes.
Cet hiver, vu le peu de neige, j'avais abandonné mon rituel. Sauf qu'un petit détour par Charlevoix, début mars, et plusieurs centimètres plus tard, j'ai remis mon rituel à l'ordre du jour. Au retour de la semaine de relâche, j'avais programmé ma journée pour le 22 mars et pris un congé non payé. Sincèrement, je ne croyais pas qu'une grève de 24 heures serait déclenchée le même jour.
Grève pas grève, je suis parti quand même. Cette journée était sacrée. Je suis claqué, mais c'est une fatigue salutaire.
Sur la route, à la radio, j'ai entendu parler du conflit. À Info690, Pierre Nadeau interviewait Alexandre Dumas qui s'inquiétait que le conflit ne dure longtemps. J'ai énormément de respect pour le jugement d'Alexandre, un journaliste d'une rare générosité et qui, de surcroît, se trompe rarement. Ce qui me fait craindre qu'il ait raison.
J'ai aussi entendu une émission sur CHOI animée par un morph de Jean-René Dufort et d'André Arthur. L'animal s'appelle Jeff Filion et il rabâchait les sempiternels préjugés sur Radcan: les grévistes ne sont vraiment pas à plaindre sur le plan salarial. Parfait mon Jeff, vient dire ça aux 600 précaires sur les lignes de piquetage.

jeudi, mars 21, 2002

Le dernier jour

Ça y est. Les négociations sont au point mort. Il semble que le syndicat et Radio-Canada ne réussissent plus à s'entendre.
Nous avions voté à 88% samedi pour mettre en oeuvre des moyens de pression «pouvant aller jusqu'à des grèves de 24 heures». Il me semble qu'hormis le port du macaron, nous n'avons pas déployé un grand éventail de moyens de pression. Mais bon, le syndicat a jugé que nous en étions rendus là.
À minuit ce soir, nous sommes plus d'un millier d'artisans de l'information au Québec et à Moncton à être en grève pour 24 heures.
C'est ce qui se passera après ce 24 heures qui m'inquiète pour l'heure...

mercredi, mars 20, 2002

La nausée

Journée surréelle. Dans la salle, un animateur arborait un autocollant du syndicat sur le front, comme pour se moquer. Par la suite, il semble qu'il aurait fait l'éloge de la précarité avec un sourire en coin.
En somme, il ridiculisait les désirs de ses collègues. La moitié d'entre eux travaillent avec un statut précaire. En clair, ça veut dire qu'ils ne peuvent pas ou difficilement obtenir un prêt à la banque qui leur permettrait d'acheter une maison et de constituer un patrimoine pour leurs enfants. Un désir légitime. Un désir qui mérite la solidarité de ceux qui ont les moyens de ne pas l'avoir, ce désir. Un désir que l'animateur méprisait...
Je suis rentré chez moi avec une nausée que je n'avais ressenti pour la dernière fois qu'en disséquant une grenouille.




Mise-à-jour
Il semble que j'aie mal compris ce que l'animateur en question cherchait à faire ce jour-là. Voir la mise au point faite le 28 mars. Il n'était pas question de faire un procès d'intention, mais seulement d'exprimer ce que j'avais perçu ce jour-là.
Je m'excuse auprès de lui, tout en laissant ce post intact par honnêteté intellectuelle. Il faut tout préserver, surtout ses erreurs de perception.