Les chapeaux de Jean-Benoît
Date: Fri, 29 Mar 2002 08:53:57 -0500
To: hugo@reporters.net
From: "Caroline, Jean-Benoit, Thomas & Guillaume"
Subject: Re: Précaire
Salut J-H,
À la radio nationale, où j'ai commencé, mon expérience ne se distingue en rien de celle des autres: toujours sur appel, aucune stabilité, et surtout aucun droit à une vie privée.
Un après-midi, je suis en route pour aller chercher mon infirmière de blonde à l'hôpital. Le cellulaire sonne: «Peux-tu rentrer dans 10 minutes?» Non, que je réponds, puisque je m'en vais chercher ma blonde à l'hôpital.
«Comment ça ta blonde est à l'hôpital? Vas-tu pouvoir rentrer demain?» Mon interlocutrice pensait que ma bien-aimée était malade. Mais sa préoccupation première a été non pas pour sa santé, évidemment... Minable.
Par la suite, à RCI, par contre, c'était radicalement différent. Pas plus de stabilité, mais au moins je me sentais apprécié et respecté. Ils n'ont jamais fait de chichi quand je leur ai demandé de ne pas travailler tous les weekends systématiquement, de façon à passer du temps avec ma blonde et mes bébés.
Pas de chichi non plus quand je refusais de travailler 12 jours en ligne pour ménager ma santé, autant mentale que physique. J'avais le droit de dire non. Et nec plus ultra du traitement, de temps en temps, on me disait: «Merci, tu fais de la bonne job, t'es apprécié, lâche pas.»
En octobre 2001, je suis allé passer quelques jours à RDI. La secrétaire des horaires m'a fait une crise quand j'ai refusé de travailler un shift de 14 heures. Et quand je lui ai expliqué que je ne pouvais pas travailler trop souvent jusqu'à minuit parce que mon petit monde est réveillé à 5h30, elle m'a répondu - verbatim - que ma vie personnelle ne l'intéressait pas. Plus méprisant que ça, tu meurs.
Retour à RCI, où je ne demanderais pas mieux que de finir ma carrière... si seulement ils avaient une carrière à offrir.
Et vlan! Excellent punch!
Je blaguais plus haut: je compte quitter le confort de mon foyer pour retourner recueillir des témoignages in vivo dès le retour de Pâques, que j'espère joyeuses, que vous fassiez partie des trois «P» (précaires, permanents, patrons) ou pas.