Éric Barbeau
Éric Barbeau, lecteur de nouvelles surnuméraire (entre autres), première chaîne radio
Éric célèbre cette année ses 10 ans à Radio-Canada. Célébrer... façon de parler.
Son parcours de carrière ressemble à une nouvelle discipline olympique issue du croisement entre le slalom géant, le steeplechase et le pingpong extrême. Il a commencé, comme bien des collègues, à faire des remplacements l'été. C'était en 1992 et il était heureux de pouvoir faire entendre ses reportages à des émissions comme Tout compte fait ou Dimanche magazine. Il a fait deux étés comme ça. L'hiver, il travaillait à Vancouver comme journaliste intervieweur à l'émission du matin de la radio. Il se souvient encore des premières félicitations qu'il a reçues de son patron, félicitations accompagnées d'une mise en garde: «By the way, nous pouvons te mettre à la porte à une semaine d'avis... j'te dis ça de même.»
En 1994, il décroche ce qu'il appelle «mon premier vrai contrat» pour l'émission Tout compte fait. Il est basé à Québec. Tout se passe bien pour lui. Il obtient plus de 80% dans ses évaluations. On fait appel à lui pour un deuxième contrat annuel. Sa première enfant voit le jour à cette époque, en août 1995. Pendant son congé de paternité, il apprend que Radio-Canada ne lui fera pas signer de contrat pour une troisième année, ce qui lui aurait donné accès à la permanence.
Son parcours se poursuit aussitôt puisqu'il se fait rapidement engager par La Facture à la télévision comme correspondant à Québec. Il fait deux contrats «annuels» de 39 semaines. Les 13 semaines restantes, il travaille dans la salle de nouvelles télé de Radio-Canada, à Montréal, «au lieu d'avoir des vacances, comme tout le monde».
Après deux ans, La Facture l'aime tellement qu'on veut le faire travailler à Montréal. Il accepte, mais il doit renoncer à ses deux années d'expérience à Québec. Le compteur d'Éric est remis à zéro. C'est au cours de cette troisième année à La Facture qu'il tombe malade et que son contrat ne sera pas renouvelé.
Nous sommes en 1999. Il retourne à la radio où il «bouche les trous», selon sa propre expression, comme journaliste et comme lecteur de nouvelles depuis ce temps. Au cours d'une séance d'évaluation, il obtient de bonnes notes dans tous les aspects de son travail, sauf sur le plan de son «attitude». Son parcours de carrière serait trop chaotique et dénotait un «manque d'engagement» envers Radio-Canada. Éric n'en revient pas. Vancouver, Québec, Montréal: Éric a toujours été heureux de prendre ce que Radio-Canada lui donnait, et maintenant, il se le faisait reprocher: «J'ai 35 ans, deux enfants, c'est extrêmement difficile de se projeter dans l'avenir quand t'es toujours sur la corde raide.»
La précarité ne l'a jamais empêché de faire quoi que ce soit, souligne celui qui n'a jamais milité dans le syndicat, de peur de se faire étiquetter comme troublemaker. Mais il souhaiterait seulement que l'engagement que Radio-Canada exige de lui soit réciproque.