Exclusive à temps partiel
Un cas d'espèce, direz-vous...
Sans doute, mais n'est-ce pas ce que nous faisons chaque jour, les journalistes, raconter des cas d'espèces afin de mieux comprendre une situation? Lisez. Vous comprendrez.
- From: "Carole Roy"
To: "Jean-Hugues Roy" (aucun lien de parenté)
Subject: Un peu de nombrillisme !
Date: Thu, 4 Apr 2002 19:12:37 -0500
Bonsoir tout l'monde,
J'ai envie de faire un peu de nombrillisme. Jamais bon de s'apitoyer sur son sort, mais je crois que ça m'aidera à mieux dormir cette nuit. J'ai besoin de partager mes angoisses, de parler de mon VÉCU à la SRC. Je vais tenter de résumer 9 ans de bons et loyaux services. Vous allez comprendre que la loyauté n'est malheureusement pas réciproque (sommes-nous surpris ?).
Je suis donc arrivée à la SRC il y a 9 ans pour combler un poste qui devenait vacant à la météo. Celle qui l'occupait faisait également les sports. La tâche était devenue beaucoup trop lourde; les abus ne datent pas d'hier...
Je suis donc engagée 20 heures semaine pour faire la météo, mais on me dit que rapidement j'aurais du plein temps. Je dois attendre un an pour que ça se produise. Je n'ai donc pas à me plaindre puisque je collabore également au Québec en Direct.
V'là tu pas que je deviens enceinte. Ça tourne mal et je dois quitter le travail plus vite puisque j'aurai un bébé prématuré. Entretemps, on met un terme à ma collaboration à RDI puisque l'on n'y fait la météo qu'une fois sur dix. Pas trop grave, car j'ai toujours mon boulot à plein temps. Lorsque je reviens de mon congé de maternité, on m'annonce qu'il y a coupure budgétaire et que je reviens à mi-temps. Oups! Ça commence à faire mal au portefeuille. [...] Mi-temps et exclusivité à la SRC. Ouïe!
Nous voilà maintenant rendu à quelques semaines de la grève de nos techniciens (fin 1999). Quelqu'un se rend compte tout à coup que je n'ai pas le bon contrat d'engagement. J'en ai un de temporaire alors que depuis le début j'aurais dû en avoir un de contractuel. Si les choses avaient été faites en bonne et dûe forme, la Société aurait été obligée de me rémunérer à temps plein pendant 6 mois à mon retour de congé de maternité.
Lorsqu'il y a 4 ans j'annonce à mon tit-boss que j'étais à nouveau enceinte, il me dit ceci: «Fertile comme t'es, passe donc ton tour cette fois-ci.» WOW! Le boss qui m'envoie à l'avortement...
Ce n'est pas tout, quelques semaines avant la fin de la saison, il m'annonce que ma job n'est pas assurée à mon retour et que je devrai passer une audition. Il veut semble-t-il avoir un journaliste environnementaliste. Ben voyons donc! Il n'en faut pas plus pour que mon gros bedon de parturiente commence à se contracter à 21 semaines de grossesse. Je quitte donc le bulletin de nouvelles 2 semaines avant la fin de la saison. Un autre bébé prématuré? Non merci!
Il ne gagne pas, le tit-boss, car je suis toujours à l'emploi de la SRC. La preuve: je suis en lockout, j'angoisse, donc je me vide le coeur. Je suis une précaire à temps partiel avec une clause d'exclusivité. On me laisse depuis 2 ans faire quelques contrats à l'extérieur, mais ils sont peu nombreux. Faudrait surtout pas que je réussisse à gagner honorablement ma vie ailleurs qu'à Radio-Canada. Si je ne suis pas satisfaite de mes conditions, que j'aille voir ailleurs. Y'en a d'autres qui sauteraient de joie d'avoir une petite job à la télé. De toute façon, j'ai un excellent salaire pour une temps partiel selon le tit-boss. [...]
Y-a-tu quelqu'un qui peut faire en sorte qu'enfin j'aie un job à plein temps? Pourquoi y'a qu'à Québec que la fille de la météo soit à mi-temps? En 2018, j'aurai le droit à une pré-retraite, une belle pension de 60,00$ par mois. Faites qu'avant cette date je travaille à plein temps. Amen !
Bonne nuit et bons rêves !
La loyauté a un prix.
Et c'est Carole qui le paie.